Bah Oury prévient : « Les choses ne marcheront pas comme Cellou Dalein entend le faire… » (Interview exclusive)

Bah Oury

CONAKRY- Dans son bras de fer avec le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, Bah Oury ne semble point vouloir reculer. L’ancien Ministre chargé de la réconciliation nationale qui a été récemment exclu de la principale formation politique de l’opposition guinéenne, a annoncé une série de mesures qu’il compte prendre contre Cellou Dalein Diallo. Dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction, Bah Oury a réagi suite à l’annonce d’une plainte de l’UFDG contre sa personne. Le désormais ancien vice-président de l’UFDG revient également sur la procédure judiciaire qui est enclenchée depuis l’assassinat du journaliste El hadj Mohamed Diallo. Exclusif !!!

 

L’UFDG a déposé une plainte contre vous. Comment réagissez-vous ?

Je pense que ce n’est pas l’UFDG qui agit ainsi. Un justiciable, Cellou Dalein est en train d’instrumentaliser l’institution politique qu’est l’UFDG pour ses besoins propres. Et ça traduit encore cette tromperie et cette lâcheté qui consiste à se réfugier derrière d’autres institutions pour faire prévaloir ses intérêts propres. Mais cette fois-ci, les choses ne marcheront pas comme il entend le faire.

Nous apprenons que vous entendez aussi porter plainte contre le parti. Pourquoi cette autre plainte ?

La plainte est en train d’être totalement formalisée au regard des critères juridiques. Il y aura une plainte pour tentative d’assassinat contre X, il y aura une plainte pour violation de la charte des partis politiques par le Président de l’UFDG qui est Cellou Dalein pour le moment, il y aura une plainte relative à la diffamation et à l’accusation d’être porteur d’une arme et d’avoir tiré sur le journaliste, il y aura une plainte relative à la diffamation pour les 200.000 euros. En tout il y a cinq plaintes. D’ici la fin de la semaine, tout cela sera bouclé. Ce sont des plaintes avec constitution de partie civile.

Ne peut-on pas dire que vos contradictions politiques ont pris des allures aussi drôles que tragiques ?

C’est tragique d’autant plus qu’une personne a été tuée. Et il y a eu une tentative d’assassinat contre moi-même. C’est tragique et c’est triste pour la Guinée d’avoir des responsables politiques qui utilisent des méthodes criminelles pour résoudre des contradictions politiques.

L’opposition a dénoncé ce lundi la tournure politique du dossier et a annoncé son soutien à l’UFDG. Qu’en pensez-vous ?

J’ai appris avec stupéfaction, qu’un certain nombre de responsables politiques ont apporté leur soutien à leur chef de file, Cellou Dalein, en soulignant que la justice est à double vitesse. Cette attitude me paraît tout à fait inopportune, alors que les enquêtes ne sont pas tout à fait terminées. Je pense que c’est une faute politique grave qui rappelle les comportements d’une élite politique dans le passé, qui était prêt à applaudir tous ceux qui étaient traités par le pouvoir de traîtres, de renégats, d’agents de la cinquième colonne. Je croyais que certaines personnes avaient une certaine maturité et un recul historique, pour ne pas tomber dans ce piège. Malheureusement, ce qui prouve que dans notre pays, le travail est immense pour éradiquer les racines de toute forme de dictature.

Malheureusement, la classe politique telle qu’elle se présente à l’heure actuelle, ne convient pas aux ambitions de la Guinée et à une jeunesse qui aspire à la modernité et au changement démocratique. C’est la raison pour laquelle, dans notre combat, il faut que tout le monde prenne en compte (…). Parce que ce n’est pas une affaire de Bah Oury, c’est l’avenir de la démocratie, de la sécurité et de la stabilité de la Guinée qui sont en jeu dans cette affaire.

N’avez-vous pas le sentiment que les enquêtes sont orientées vers un seul camp comme le prétend d’ailleurs l’UFDG ?

Je crois que dans cette affaire, ceux qui avaient mis en place un guet -apens contre moi, se trouvent piégés par leur propre guet-apens. Dieu n’a pas voulu qu’ils aient la possibilité de m’assassiner le vendredi 5 février. Toutes les preuves accumulées militent contre eux, les images existent, des témoins existent. De ce point de vue c’est suffisant. Lors que d’ores et déjà, on met en cause les autorités judicaires de partialité, cela veut dire qu’on a quelque chose à cacher. Il ne faut pas chercher de midi à 14heures pour savoir que le coupable est dans un côté bien précis.

La question en jeu, un journaliste a été tué et il y a eu tentative d’assassinat sur la personne de Bah Oury. Ce ne sont pas ceux qui me soutiennent qui peuvent attenter à ma vie et tirer sur le journaliste. L’enquête se poursuit. Et je pense que dans les prochaines heures, la lumière sera faite, la vérité sera dite par les autorités les plus compétentes de la justice. En ce moment-là, on saura qui est la victime dans cette affaire.

Ceux qui se précipitent pour apporter des soutiens politiques à qui que ce soit, surtout à ceux dont une bonne partie de la garde rapprochée est aujourd’hui déférée en prison, risquent de perdre toute crédibilité pour maintenant et pour l’avenir en République de Guinée.

Est-ce qu’à ce jour vos proches ont été auditionnés par les enquêteurs ?

Tout le monde a été entendu comme témoin. Ceux qui m’ont accompagné, ils n’étaient que deux plus un journaliste. Ils ont été entendus par les autorités compétentes. Je ne peux pas en dire davantage. La justice est en train de faire son travail. Et de mon côté, je ferai tout pour que la lumière soit faite sur cette affaire. Parce qu’il s’agit de vies humaines qui sont en danger du fait de ceux qui estiment qu’ils n’ont pas d’autres méthodes pour faire taire les contradictions et assouvir leurs ambitions égoïstes et personnelles.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

Créé le 16 février 2016 17:40

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