Après avoir dompté l’Afrique, EOB vise le toit du monde : le jeune slameur ouvre son cœur à Africaguinee.com

Elhadj Oumar Baldé « EOB »

CONAKRY-Sacré champion d’Afrique du concours du slam et poésie (CASP2021), Elhadj Oumar Baldé « EOB », vise le toit du monde. Le 19 février 2022, il a hissé le drapeau Guinéen (Rouge- jaune -vert-), à Addis-Abeba, en Ethiopie sur le toit de l’Afrique.

EOB ne se fait aucune limite. Après avoir dompté le continent africain, le jeune slameur prépare la compétition mondiale du Slam. Dans cet entretien accordé à Africaguinee.com, Elhadj Oumar Baldé « EOB », revient sur son parcours et parle de ses projets.

AFRICAGUINEE.COM :  Vous venez d'être sacré champion d'Afrique du Slam. Parlez-vous de votre parcours  ?

EOB : A l’état civil je suis Elhadj Oumar Baldé. EOB, c’est mon nom de scène. Je suis artiste slameur, désormais champion d’Afrique du slam. Avec mon binôme Mamadouba Dieng, on forme un duo qui s’appelle « dimedi slam » depuis trois ans maintenant.

J’ai commencé les études à Banankoro, une sous-préfecture de Kérouané. J’y ai fait mes premiers pas à l’école jusqu’en 4ème année. A cause de maladie, je suis venu à Conakry où on m’a inscrit dans une école qui s’appelle Nelson Mandela. J’y ai fait une partie de l’école primaire. Par la suite, j’ai changé d’école. Je suis allé dans une autre école qui s’appelle ‘la Lumière’’. J’y ai fait l’examen d’entrée en 7ème comme candidat libre en sautant une classe. Après mon admission, je suis allé à ‘’Sofia Paul’’ où j’ai fait mon collège.  C’est dans cette école que j’ai découvert l’art. J’ai commencé à faire du théâtre, plus tard j’ai découvert le slam, c’était quelque chose de bien.

En 2017, j’ai décroché le BAC. Je me suis inscrit à l’université Amadou Dieng en génie informatique. Normalement, je devrais finir les études en ayant mon diplôme du premier cycle, cette année, malheureusement je n’ai pas pu continuer à cause d'une maladie. Mais, c’est pour très bientôt.

D’étudiant en génie informatique, vous êtes champion d’Afrique du slam. Comment cela a-t-il été possible ?

J’ai découvert le slam en 2015. Aussitôt, j’ai admiré cet art. Donc, je faisais les études et le slam, j’arrivais à bien jumeler les deux. Ça allait bien. Mais mes parents n’étaient pas d’accord que fasse le slam. En ce moment-là, je me cachais pour sortir et aller le faire. Je me rappelle, je disais à ma mère de me couvrir. Souvent, elle acceptait en disant à mon papa : « c’était pour la révision ». C’est quand j’ai été champion de Guinée du slam en 2018 que mon père a compris que c’était plutôt quelque chose de bien, qui m’aidait dans mon cursus scolaire. Dès lors, tout était bien. Cette année-là (2018), je devais représenter la Guinée à la Coupe d’Afrique du Slam au Tchad, malheureusement ça n’a pas été le cas, ils m’ont reconduit pour cette année 2021 et on est champion d’Afrique.

Comment avez-vous préparé cette compétition ?

 Je ne l’ai pas préparée tout seul, il y avait toute une équipe, la League nationale du slam était derrière moi. Depuis que les organisateurs ont annoncé qu’il y aurait une coupe d’Afrique, on m’a appelé pour me dire que c’est moi qui ai été choisi pour représenter la Guinée. J’ai dit d’accord, et à partir de ce moment-là, on a commencé à préparer des textes. J’avais les miens que j’avais écrits avec mon binôme, eux ils voulaient qu’on regarde tous ces textes-là, savoir quel texte pourrait être bon pour cette compétition de cette ampleur. On a travaillé beaucoup, les mises en scène, les textes et sur d’autres aspects. J’en profite pour dire merci à la League nationale du slam.

Est-ce que vous avez eu le soutien du ministère de la culture ou d’autres autorités durant tout ce parcours ?

Non ! On était allé les voir, mais ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas de fonds, malheureusement.

Après ce sacre continental, quels vont être vos prochains défis ?

Il y a la coupe du monde du slam qui arrive. On va commencer de préparer cette autre compétition dans les semaines à venir. Au-delà de ça, j’évolue dans un duo, on a beaucoup de projets. Là en ce moment on est en train de préparer un album de slam qui va sortir avant 2023, et on va faire beaucoup de spectacles en Guinée, en Afrique et peut-être en Europe.

Comment aviez-vous compris la réticence de votre papa ?

Malheureusement, mon papa est décidé l’année dernière, (que son âme repose en paix). Mais la famille avait fini par comprendre que le slam est différent de la musique. Donc, on se comprend plutôt bien du moment où je ne fais pas du rap, de la musique. Ils ont écouté ce que je fais, ils sont plutôt fiers.

Aviez-vous un appel à lancer aux autorités ?

Nous comptons les rencontrer. Le ministre de la culture nous a invité, le lundi (28 février) nous irons le voir. Mais ce que je voudrais, puisque nous avons fait le gros du boulot, on a remporté ce trophée, on est revenu avec, je pense qu’il faut qu’on s’y mette dans cet autre art. Le slam existe depuis très longtemps en Guinée mais on en parle pas. Dès qu’on dit artiste, on pense automatiquement à un chanteur alors qu’il y a des peintres, ceux qui font de l’artisanat etc. C’est des artistes. Mais il y a certains d’entre nous en Guinée qui ne le savent pas. Il est donc temps qu’ils (les gouvernants) sortent un peu les moyens financiers pour accompagner ceux qui font évoluer l’art dans ce pays. Il y a la coupe nationale du slam qui va être organisée, si l’Etat s’implique ça va être quelque chose de bien pour nous. Donc, il est temps pour eux de changer leur vision de la chose.

Aux jeunes qui rêvent d’être champion comme vous, quel message avez-vous à leur dire ?

C’est de continuer à écrire. Moi j’ai commencé à écrire depuis très longtemps, au début c’était trop nul. Mais après, au fil du temps, on s’améliore forcément. C’est donc de continuer à écrire, si vous avez des amis, réunissez-les, faites quelque chose et c’est comme ça en faisant des scènes qu’on va s’améliorer. Le slam c’est quelque chose de bien, il faut continuer à écriture.

Rime et slam, c’est quoi la différence ?

Pour faire du slam, on utilise des rimes. C’est juste pour embellir des textes.

Vous êtes étudiant en génie informatique. J’imagine que vous allez très bientôt finir les études universitaires. Comptez-vous poursuivre votre carrière de slameur ou pas ?

L’art est quelque chose de jaloux. Quand on fait de l’art, c’est difficile de faire autre chose. Je me vois plus tard artiste. Mais lorsque j’aurai fini mes études, c’est pour pouvoir travailler dans ce domaine-là. J’adore l’informatique. Donc à un certain moment, je vais utiliser ça aussi pour ma carrière artistique.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114

Créé le 27 février 2022 11:47

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