Aliou Barry prévient : « Les autorités guinéennes auront tort de ne pas prendre au sérieux la menace terroriste… »

Aliou Barry

CONAKRY- Le 8 novembre dernier, la Belgique a alerté sur les risques d'attaque terroriste en Guinée. 

Cette alerte doit elle être prise au sérieux ? Le pays dispose-t-il de moyens militaires et financiers suffisants pour contrer une éventuelle incursion djihadiste ? Que doit faire l'Etat guinéen ? Africaguinee.com a interrogé Aliou Barry, directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques (Caes), spécialiste de la géopolitologue. C'est la première partie d'une longue interview à lire très prochainement sur Africaguinee.com. 

 

AFRICAGUINEE.COM : La Belgique a alerté le 8 novembre dernier ses compatriotes vivant en Guinée sur une éventuelle menace d’attaques terroristes dans notre pays. Doit-elle être prise au sérieux ?

ALIOU BARRY: Un Etat organisé doit avoir les moyens de son information de défense. Il suffit de voir ce qui se passe au Sahel. Aujourd’hui, les djihadistes sont traqués au Sahel par une force multinationale. C’est normal que cela se diffuse jusqu’aux frontières guinéennes. C’est-à-dire que si la Côte d’ivoire est touchée, hier c’était le Benin, je ne vois pas en quoi la Guinée peut être épargnée. Ce qui est étonnant, ce que quand la Belgique évoque cette menace, tout de suite les autorités guinéennes se réveillent pour dire qu’il faut inscrire cet enjeu dans le projet de lois de finances 2022.

Depuis que le Mali est touchée, les autorités guinéennes devaient se préparer à une éventualité d’attaque terroriste. Il faut savoir une chose, ce que les djihadistes n’ont plus d’espace au Sahel. Donc, ils vont se mouvoir vers les pays côtiers qui représentent pour eux plusieurs avantages. D’abord, il y a l’accès à la mer avec tout le corollaire de trafic de drogue. Étant donné que c’est des pays avec la verdure, ils ont la possibilité de se camoufler. Cela fait 3 ans qu’on alerte la Cedeao avant même les attaques en Côte d’ivoire pour lui dire : attention aux pays côtiers. C’est évident qu'un pays comme la Guinée et la Guinée Bissau qui, en plus, sont des Etats fragiles en terme d’instabilité politique, constituent un terreau fertile pour les terroristes. Je pense que les autorités guinéennes auront tort de ne pas prendre au sérieux cette menace terroriste qui, forcément si rien n’est fait, touchera la Guinée.

Sur le plan sécuritaire est est-ce que la Guinée est suffisamment préparée à faire face à une éventuelle incursion djihadiste ?

Je ne sais pas si la Guinée est prête, mais regardez ce qui se passe au Mali, il y a combien de forces qui y sont présentes ? Vous avez la Minusma, la force Takouba, les américains. Tous ces pays là n’ont pas pu mettre un frein aux djihadistes ce n’est pas un Etat comme la Guinée tout seul qui va le faire. Je reste persuadé que la Guinée n’a pas les moyens humains, matériels militaires pour y faire face.

Dans ce cas que doit faire l’État guinéen ?

L'Etat guinéen doit faire la prévention. C’est-à-dire, toute suite évaluer les risques , les menaces terroristes. Une fois cela fait, demander un accompagnement de la Cedeao. On évalue les terroristes à 3 mille combattants qui sont près de 10 ans sur le Sahel. Ce que le Mali, le Niger et le Burkina Faso n’ont pas pu arrêter est-ce que la Guinée toute seule a les moyens matériels et militaires pour faire face à ça ? Je doute fort. Je pense que le gouvernement serait très avisé d’évaluer dès maintenant la menace et de préparer la riposte avec un accompagnement d’esprit pays amis notamment les puissances mieux équipés comme l'UE.

La Guinée est dans une période transition. Est-ce que augmente le risque ?

D’abord, vous avez l’instabilité politique, on est à une période de transition. Vous avez le chômage massif de jeunes. Au Sahel, les djihadistes recrutent dans les poches de pauvreté. On a interviewé de familles des djihadistes avec le ministre de la Défense du Niger, ces familles nous disent qu’on est obligés de laisser nos enfants aller vers Boko Haram parce qu’il leur donne 100 mille Fcfa par jour et une moto et on investit le gain dans nos petites zones maraîchères et en plus, ils nous sécurisent la zone. La majorité de jeunes sont au chômage, en plus, ils ont subi les violences politiques sans jugement et donc il y a une frustration quelque part vis-à-vis de l’État et cela constitue un terreau fertile pour les terroristes. C’est pourquoi, je pense que le gouvernement guinéen devait prendre les devants pour analyser tous les risques possibles et éventuellement trouver des parades avec un accompagnement, soit de la communauté internationale ou des grandes puissances.

A suivre…

 

Interview réalisée par Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com 

Tel: (00224)669 91 93 06

Créé le 5 décembre 2021 11:12

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