Affaire stade Petit Sory : Des révélations qui « accablent » Antonio Souaré…

Mohamed Lamine Nabé, actuel président de l’organe de première instance (OPI) de la Fédération de football

CONAKRY- Qu’est-ce qui a prévalu à la non homologation du stade petit Sory de Nongo ? Cette décision rendue publique par la Feguifoot n’est pas du goût de tout le monde ! L’ancien président du comité de normalisation de l’instance dirigeante du football guinéen s’en émeut.  Mohamed Lamine Nabé, actuel président de l’organe de première instance (OPI) de la Fédération de football, et membre du ‘’Système d’octroi des licences aux clubs’’ a piloté cette mission d’évaluation au stade petit Sory de Nongo.

Dans une interview accordée ce lundi 1er novembre 2021 à Africaguinee.com, il a fait des révélations accablantes contre l’actuel président de la Féguifoot, Mamadou Antonio Souaré. Il dénonce la falsification du rapport à des desseins inavoués. Fustigeant une « combine machiavélique mal habillée », M. Nabé annonce qu’il va saisir la commission d’Ethique si la lumière n’est pas faite autour de cette affaire. Entretien exclusif !

 

AFRICAGUINEE.COM : Dites-nous ce qui a prévalu à la non homologation du stade Petit Sory de Nongo ?

MOHAMED LAMINE NABE : C’est avec beaucoup d’indignation que j’apprends que le stade petit Sory n’est pas homologué par la Fédération Guinéenne de Football (FGF). Ce qui est pire est qu’un rapport d’une équipe d’inspection a été joint (…), rapport d’ailleurs que je dénonce avec véhémence.  Ce n’est pas du tout le rapport de l’équipe de laquelle je suis issu qui est sorti. Pour ma part je me désolidarise complètement du contenu parce qu’il a été falsifié à la fédération. Je le dis et j’insiste.

Cette mission d’homologation doit être faites par quelle institution ?  S’agit-t-il de la Fifa, de la Caf ou de la Feguifoot ?

Nous sommes allés au compte de la Feguifoot. Vous savez, il y a un organe indépendant qui existe à la fédération qui s’appelle le ‘’Système d’octroi des licences aux clubs’’. C’est un système qui a été mis en place depuis 2013 par la CAF et la Fifa dans tous les pays membres de ces deux institutions. Ils ont exigé à ce que tous les pays aient leur organe, leurs documents de travail et leur indépendance dans l’évaluation des critères entrant dans le cadre de la professionnalisation. C’est l’organe indiqué pour aider à la professionnalisation dans un pays. Au début de chaque saison nous devons inspecter tous les stades qui devront être utilisés pour le championnat national. Nous devons évaluer tous les clubs professionnels censés appartenir au championnat professionnel.  Cette évaluation n’est pas forcement éliminatoires, cela permet à évaluer, de voir ce qui lui manque pour être réellement un professionnel.

 A chaque fois, on rappelle au club concerné ce qui lui manque et au fur et à mesure qu’il se mettra à jour, au finish il sera entièrement professionnel et il aura les performances qui vont suivre. Voilà le système qui a été mis en place dans tous les pays membres de la Fifa et de la Caf. Ce système comprend deux organes qui sont : l’organe de première instance dont je suis le président et le second qui est l’organe d’Appel. Telle est la structure. L’organe de première instance est composé de sept membres et celui d’Appel de Cinq et il y a un manager d’octroi de licence. Le manager est membre d’office des deux organes.

C’est vous qui avez interpelé votre commission pour cette évaluation ?

J’ai été interpellé par le manager qui m’a dit que la fédération voulait qu’on fasse une évaluation au stade petit Sory de nongo. Quand il m’a appelé j’ai dit d’accord. J’étais d’ailleurs content parce que pour la première fois depuis 2013, on nous commet à une tache qui nous revient de droit. Donc on s’est précipité pour y aller. Mais en allant, j’ai su qu’il a eu entorse parce que, c’est l’organe que je dirige qui devait être contacté. J’ai simplement préféré participer à l’évaluation parce que c’est une première (…).

Qu’avez-vous fait à votre arrivée au stade ?

Nous sommes allés au stade et nous avons procédé à l’évaluation qui comprend plusieurs volets commençant par l’aire de jeu, le contour de l’aire de jeu, les tribunes, les vestiaires.

Quels étaient vos constats au terme de cette évaluation ?

Il se trouve que grosso modo le terrain pourrait être utilisé surtout pour un championnat guinéen qui se joue même sur des terrains non aptes. Certes dans le cadre des mesures, nous avions relevés des petits dépassements de quelques centimètres (…), nous avions donc dit que cela ne peut empêcher le championnat de se jouer. Mais puisque le Hafia a pour objectif, les championnats et éventuellement la ligue des champion ou d’autres compétitions africaines, il serait mieux qu’ils se mettent en tête qu’il y a des corrections à faire au fur et à mesure avant que ces échéances n’arrivent. C’est dans ce sens que nous avons fait des relevés.

Au terme de cette mission qu’avez-vous fait concrètement ?

Après cette évaluation, nous avons décidé ensemble d’homologuer le stade petit Sory et inviter le propriétaire ou le président du stade à se mettre à jour pour les échéances futures. C’est ça la décision de la commission. En tant que porte-parole de la commission, le manager devrait rédiger un rapport et nous le partager avant la signature. Ce qui se fait toujours d’ailleurs. A mon fort étonnement, pendant que moi j’attendais ce rapport, c’est un responsable de la ligue guinéenne de football professionnelle, en la personne de son secrétaire général qui m’interpelle sur le travail qu’on a fait et qui n’était même pas rendu officiel. Pour ne pas lui exposer mon étonnement face à cet état de fait, je lui ai répondu que je suis de commun accord avec ma commission et que le résultat du travail est collégial.  Après cet entretien, j’appelle mon manager pour lui demander le rapport définitif de notre travail. Il m’indique que quelqu’un l’a appelé et lui a mis la pression pour déposer le rapport.

De par sa façon de parler, j’ai compris qu’il y a assez de non-dits. Alors lui-même, il me dit d’appeler le président Antonio Souaré (…), je lui ai demandé de m’envoyer une copie du rapport pour connaitre son contenu. Avant d’arriver chez moi, c’est un autre membre de la ligue de Football qui m’interpelle. Dans nos échanges, plus le monsieur de ligue lisait ce rapport, plus je relevais des incohérences par rapport à ce que nous avons fait. Mais je n’ai jamais voulu montrer à la ligue qu’il y a des choses qui n’allaient pas.

Voulez-vous dire qu’il y a une main noire derrière cette affaire ?

Le manager, le lendemain quand je l’ai interpellé il m’a dit d’appeler le secrétaire général de la Feguifoot. Quand j’ai parlé à ce dernier, il m’a laissé entendre que nous avions fait un travail en notre âme et conscience. Nous n’avons pas de problème à travers cela (…), mais selon ce qui devrait être fait, les résultats doivent être confidentiels jusqu’à ce qu’ils soient officiels. Cela se passe comme ça à la Caf ou à la Fifa.

Qu’avez-vous mis dans le rapport final ?

J’ai dit au Colonel Akoi Koivogui, que nulle part nous n’avons indiqué dans notre rapport qu’on ne peut pas jouer dans ce stade. Dans notre conversation, je lui ai dit qu’ils sont les responsables du football guinéen et ils ont intérêt à ce que ça ne crie pas et qu’ils ont besoin du management de tout le monde pour que ça marche. Dans sa réponse, il me dit en langue vernaculaire que c’est le président Antonio Souaré qui a mis le ‘’pied sur le fil’’. Je lui dis que si c’est comme ça, je l’appelle pour en savoir plus.

Avez-vous eu une conversation privée avec Antonio Souaré pour lever l’équivoque ?

Je l’ai appelé à plusieurs reprises il a refusé de décrocher. Au final, il a même de surcroit éteint son téléphone. Ce qui ne m’a d’ailleurs pas surpris puisque ce n’est pas la première fois.

Donc vous vous êtes simplement limités à cette démarche ?

Non, je me suis de nouveau redirigé vers le secrétaire général pour lui dire de transmettre au président Antonio Souaré, que nous sommes au courant du changement de notre rapport. Il faut lui dire que cela n’est ni bon pour sa personne encore moins la structure fédérale qu’il dirige.  J’ai fait remarquer au secrétaire général qu’il faudrait que ces situations se gèrent à un niveau plus responsable. Malgré mes appels je trouve que ça n’a pas été fait.

Après ces tentatives de dissuasions de votre part qu’avez-vous alors fait ?

J’ai demandé au manager qui m’a dit qu’il a la pression du président de la Feguifoot. Or, moi je ne me reconnais pas dans ce rapport. Car ce qui est dit n’est pas de mon point de vue. Ce n’est pas eux qui ont fait le travail mais plutôt nous. S’ils ont des comptes à régler avec des personnes, il ne faut qu’ils passent par nous pour le faire.

Est-ce qu’il y avait eu auparavant des évaluations des stades avant le début du championnat ou des compétitions nationales ?

Le championnat se joue sur tous les terrains ici, il n’y a jamais eu d’évaluation des stades. Depuis 2013, nous existons. Les seules fois où nous faisons des évaluations de terrains, c’est lorsque nos clubs doivent sortir en compétition africaine, là ils ont obligé qu’on les évalue avant qu’ils ne soient acceptés. Il s’agit là des stades du 28 septembre et du Général Lansana Conté. Cette fois-ci, on nous envoie faire une évaluation orientée sur le stade petit sory tandis que dans les autres stades, rien n’a été fait, on peut jouer. Ce que nous avons indiqué pour le Hafia, ce ne sont pas des choses à faire maintenant. Cela peut attendre (…), seulement on a voulu attirer leur attention que ce travail les attend. Ils doivent le mettre en œuvre quand ils veulent jouer pour les compétitions africaines.  Rien qu’à voir l’ossature du stade petit Sory, il est incomparable à biens de stade en Afrique à plus forte raison en Guinée.

Avez-vous un message à l’endroit des dirigeants sportifs guinéens ?

Je le dis, notre football est malade de ses responsables qui aujourd’hui manquent de vergogne. Ils manquent de responsabilité et de dignité. La dignité est fortement endommagée dans notre milieu sportif. Quand on voit des responsables de cette taille qui se permettent de changer le contenu d’un rapport produit par des personnes, c’est un manquement à la discipline du football et c’est un manquement à l’honneur de la responsabilité qu’on assume. Alors je voudrais que la lumière soit faite autour de cette question.

A défaut, je saisirais la commission d’Ethique pour me plaindre puisque mon nom ne peut pas être lié à un rapport qui est recommandé de toute pièce. Je ne veux pas du tout être mêlé à cette combine machiavélique qui est mal habillée. C’est comme ça qu’on souille l’honneur de toutes les personnes qui se respectent dans ce pays.

 

Entretien réalisé par BAH Boubacar LOUDAH

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 655 31 11 13

Créé le 1 novembre 2021 18:41

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