Affaire Espace Tv : le ministre Gassama Diaby s’exprime…

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CONAKRY-Y-t-il eu des contradictions entre le ministre des droits d l’homme et des libertés publiques et celui de la communication sur la fermeture ou non de la télé Espace ? Quelles solutions faudraient-il envisager pour mettre fin à ce bras de fer ? Dans  cet entretien accordé à  notre rédaction, le ministre Gassama Diaby reconnait que cette télévision n’a pas de licence en Guinée, mais il ouvre une perspective de solutions pour éviter sa fermeture. Lisez !

Africaguinee.com : Bonjour M. le ministre !

Khalifa Gassama Diaby : Oui bonjour !

Africaguinee.com : Il y aurait une farouche opposition entre vous et le ministre de la communication Alhousseine Makanéra Kaké sur le dossier Espace Tv. Qu'en est-il?

D’abord il n'y a pas d'opposition entre deux personnes, ce n'est pas une question de personnes, mais d'approche et de point de vue. Moi je suis ministre des Droits de l'homme et des libertés publiques, par conséquent, garant aussi bien des principes de légalité que celui de la liberté de la presse, des médias et de la communication des opinions, dans le respect de la loi. Il ne faut donc pas décliner cette question en problématique entre deux personnes.

Incontestablement, cette chaîne de télévision, n'a en Guinée ni licence ni agrément. Cet état de fait est indiscutable juridiquement. Néanmoins, à partir du moment où il a été établit que la direction de cette chaîne de télévision a entamé à plusieurs reprises des démarches pour l'obtention de sa licence et de son agrément, et que cela, je ne sais pour quelle raison, n'a pas abouti, la question de la garantie de la presse se pose.

Dès lors, on se retrouve en face de deux enjeux très importants: faire respecter le principe de l'égalité, les règles de l'Etat de droit d'une part, et d'autre part, garantir l'effectivité et la jouissance de la liberté de la presse, des médias et de la communication. Le respect et la garantie de ces différents principes s'imposent à l'Etat.

 Autant, aucun État ne saurait accepter l'illégalité sur son territoire, ni s'accommoder d'un statu quo illégal, autant au regard des principes démocratiques et des libertés, tout doit être fait pour garantir à chaque citoyen ou groupe de citoyens la jouissance des droits et libertés consacrés par notre Constitution et par les conventions internationales auxquelles notre pays est partie prenante.

Africaguinee.com: Votre collègue de la communication jure de vouloir fermer ce media privé à cause de ses « irrégularités et de sa non-conformité  avec les lois guinéennes .Pourquoi vous opposeriez à cette démarche s'il s'avère qu’Espace Tv n'est pas en règle ?

Partant de tout ceci, en tant que ministre des droits de l'homme et des libertés publiques, je ne peux être d'accord avec des mesures de fermeture d'un média quel qu'il  soit, pour des motifs qu’on  peut trouver d'autres issues.  Je dis donc que l'argument juridique de la direction de espace Tv ne tient pas. Leurs explications techniques ne me semblent pas convaincantes, et surtout ne peuvent tenir lieu de fondement juridique. Mais, je crois et je pense que la mesure de fermeture absolue de la chaîne  ne me  semble pas ni souhaitable, ni appropriée.

Africaguinee.com : Quelles solutions proposeriez-vous pour mettre fin à ce bras de fer?

Il faut trouver une solution qui nous permette de faire respecter, et c'est indispensable, nos lois, la légalité, et en même temps, garantir la jouissance de la liberté de la presse, dans leur conception, leur établissement et leur fonctionnement, dans le respect de nos lois.

En définitive, exigeons, dans le cadre d'un délai moratoire, de la direction de espace Tv, ( et d'ailleurs de tous les médias en Guinée), le respect de nos dispositions légales, qu'elle régularise sa situation, en se conformant à la loi. Mais il ne faut pas la fermer cette télévision.  Soyons claires, au-delà de l'importance, de l'utilité de la presse dans une société libre et démocratique, il est utile et nécessaire pour les uns et pour les autres de faire preuve, dans les médias, de responsabilité, d'honnêteté, de respect et même d'élégance. En tant que ministre des Droits de l'homme, je souhaite donc que les journalistes demeurent jaloux de leurs droits et de leurs libertés, tout en faisant preuve de responsabilité, de respect et de courtoisie. On ne peut impunément insulter des gens dans les médias, qu'ils soient simples citoyens ou responsables publics ou politiques. On ne peut impunément inciter à la violence, à la haine ou à la discrimination.

Nous connaissons ce genre de travers dans certains médias en Guinée, et il faut travailler pour que cela cesse, afin que chacun puisse jouir librement et proprement de ces droits et libertés.  Mais, comme le disait Tocqueville " c'est toujours un grand crime de détruire la liberté d'un peuple sous prétexte qu'il en fait un mauvais usage"

Africaguinee.com : le ministre de la communication va jusqu'à remettre en question la loi portant sur la dépénalisation des délits de presse ; en tant que ministre des droits de l'homme et des libertés publiques, à quoi vous inspirent ces velléités?

Aucun pouvoir public, aucun représentant de l'Etat ne peut mettre en doute ou en cause, la validité, en l'espèce la constitutionnalité d'une loi régulièrement votée par l'assemblée nationale (ou par ce qui fait office d'assemblée nationale), validée par la Cour suprême et promulguée par le Président de la République.  Lorsqu'on est membre d'un gouvernement, donc de l'exécutif, tenir  un tel propos, est inapproprié.

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 24 août 2014 18:21

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