Affaire « 50 millions de dollars» : L’ex patron de la Sotelgui livre sa part de vérité devant la CRIEF

CONAKRY- C’est un témoignage qui était très attendu pour éclairer la lanterne de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (Crief) sur l’utilisation des 50 millions de dollars us, destinés à la relance et à la modernisation de la Sotelgui. Il s’agit du témoignage à titre de témoin, de l’ancien Directeur général de cette société étatique tombée en faillite en 2012. Ce mercredi 31 mai 2023, il a livré sa part de vérité.

Dans ce dossier, l’ex ministre Oyé Guilavogui est accusé de détournement présumé de deniers public, enrichissement illicite, blanchiment, corruption.

A la barre de la chambre de jugement de la Crief, M. Moussa Keita affirme que le prêt de 50 millions de dollars a été obtenu par son équipe auprès de la Bank chinoise Exim Bank. Selon lui, tous les problèmes ont commencé à naître à la Sotelgui lorsque ce prêt a été décroché.

« Les 50 millions de dollars ont été initiés par mon équipe et moi. Ensuite on l’a obtenu dans des conditions très favorables. Il s’agit d’un prêt commercial avec un taux de remboursement de -2%, avec un différé de 7 ans qui a un délai de remboursement de 13 ans, ce qui fait 20 ans au total. Ce prêt allait permettre à la SOTELGUI d’être l’opérateur dominant de très haut niveau dans l’espace des télécommunications en Guinée. Malheureusement au moment de l’exécution, on nous a tous (moi et les 1608 travailleurs de SOTELGUI ndlr) mis dehors pour des raisons propres à ceux qui l’ont fait », a pointé l’ex Directeur Général de la Sotelgui, avant de revenir sur ce qu’il reproche à Oyé Guilavogui.

« Pour avoir été le ministre des postes, télécommunications et l’économie numérique beaucoup d’actions ont été intentées dont celle du 12 mars 2012 avec la mise en place d’un comité de gestion et de médiation. Oyé Guilavogui a été nommé président de ce comité. Un ministre se retrouve président d’un comité de gestion d’un opérateur de téléphonie, c’est inédit », a souligné M. Moussa Keïta. 

A la question de savoir, si selon lui, M. Oyé Guilavogui a détourné ce montant de 50 millions de dollars, l’ex DG de la Sotelgui répond de manière nuancée.

« On ne fait pas tout ce geste sans raison. Il faut avoir une raison pour faire partir 1608 travailleurs au chômage à l’arrivée d’un montant de 100 millions de dollars. A mon avis, quand l’eau est versée sur la tête, la barbe ne peut pas dire qu’elle n’a pas eu sa part…à chacun d’apprécier ce qui peut se suivre.

C’est quand les 50 millions de dollars Us ont été obtenus que tous les problèmes sont arrivés. La SOTELGUI en septembre 2011 c’est-à-dire en un seul mois, a bénéficié de 30 millions de dollars de l’assistance de la Banque Mondiale pour avoir le câble sous-marin.

Dans ces 30 millions de dollars, la SOTELGUI avait 20 millions de dollars. Dans le même mois on a eu 50 millions de dollars pour moderniser les équipements. Et un mois après, l’Etat qui est le créancier qui devait 57 milliards à la SOTELGUI a décidé de nous payer des avances de consommation comme il le fait pour EDG et pour la SEG », déclare-t-il.

Insécurité…

Selon M. Keita, la Guinée est dans une insécurité totale. « Jusque-là les officiels que ce soit l’administration publique, que ce soit les forces de défense et de sécurité, c’est les réseaux publics qu’ils utilisent et les risques sont énormes. D’abord, dans les communications les données sont conservées par l’opérateur. C’est-à-dire au moment précis, ils peuvent vous dire quand vous avez appelé, d’où vous avez appelé et qui vous avez appelé. Ça déjà c’est une insécurité et dans une certaine limite vous mettre sous écoute. En plus, l’Etat n’a pas les moyens d’offrir des facilités de communication à ses ayant droits qui sont les membres de l’administration publique et des forces de sécurité ».

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com