Aérodromes régionaux : Des projets  »bâclés » ?

CONAKRY-Depuis le 29 mars 2023, les autorités de la transition se sont lancées dans des campagnes de pose de première pierre pour la reconstruction et la modernisation des aérodromes régionaux. Kankan, Labé, Faranah, et N’Nzérékoré…tous ces aérodromes seront reconstruits. Cet ambitieux projet va couter une enveloppe de 59,9 millions USD à l’Etat guinéen. La durée des travaux est de 12 mois.

Si ce programme phare des autorités est apprécié par certains citoyens, des observateurs avertis font une analyse nuancée. Pour eux, entre la réfection des aérodromes et la construction des routes, le choix est vite fait par les populations. C’est le cas de l’ancien directeur national des investissements routiers. Pour l’honorable Kalémodou Yansané, la reconstruction des aérodromes est une bonne chose, mais c’est s’il y a de passagers qui vont y embarquer.

« J’étais à Labé il y a une semaine. Mais si vous êtes de Labé, entre l’aérodrome et la route Labé-Mamou, l’écrasante majorité des citoyens choisirait la route. L’aéroport pour Labé est une très bonne chose mais pour moi la route passe avant. Ce que je peux attester, si vous interrogez les populations de Labé, Mali, Tougué, Lélouma ou Dalaba, entre la route Labé et Mamou et l’aéroport de Labé, ils vont accepter l’aéroport mais vont préférer la route.

Entre Labé-Pita c’est 32 km mais vous faites 1 heure de temps. C’est pourquoi je dis que les gens vont préférer la route. Ce qui est valable pour Labé l’est également pour Faranah. Car c’est Faranah est une ville qui n’est pas loin de Conakry.  Si je devais choisir, je fais la route pour Labé, Faranah et ainsi que Kankan. Pour Nzérékoré l’aéroport est incontournable » a expliqué cet ancien cadre des travaux publics.

La rénovation de ces aérodromes va couter 59,9 millions. Ce montant peut être raisonnable selon l’ex député mais, tout dépend des travaux à effectuer sur le terrain car ça peut bien aller au-delà.

« Le prix est fonction du niveau d’aménagement. Si c’est un aménagement moins ça peut s’expliquer mais si c’est pour faire deux kilomètres et une largeur de 15 mètres avec un aérodrome, ça peut paraitre cher. La difficulté de faire un aéroport de deux kilomètres et demi à Kankan, il faut avoir un central de concassage de cailloux, un central d’enrobé, avoir des équipements dont le déplacement, le transport, l’implantation, l’installation et le repli coutent excessivement cher », ajouté Kalémodou Yansané.

Pour cet ex cadre du ministre des travaux publics, si ces projets ont fait l’objet d’étude avant le 05 septembre, ça peut paraitre juste. Mais si c’est des projets qui viennent d’être lancés juste après le coup d’état militaire, ça peut sembler d’initiatives bâclées ou à connotation politique.

« Je ne sais pas si les projets étaient-là bien avant le CNRD. Si c’est le cas, ça suppose qu’ils ont fait l’objet d’étude sérieuse avant d’être lancés. Mais si c’est à partir du 05 septembre, donc à partir du coup d’Etat que l’idée de l’aéroport là est venue, ça va me sembler un peu prématuré, parce que c’est des projets qui nécessitent une étude sérieuse. Ce n’est pas une étude de deux ou trois mois mais d’un an.  Donc, si c’est des projets initiés, étudiés par le professeur Alpha Condé ou de son régime, je pense que c’est juste.  Mais si c’est des projets qui viennent comme ça là brusquement ça peut-être des projets à connotation politique », avertit M. Kalémodou Yansané.

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28