Aboubacar Sylla:  » les accusations de Jean-Marie Doré contre Cellou Dalein sont graves… »

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CONAKRY-Cellou Dalein Diallo a-t-il trahi les militants de l'opposition en acceptant l’opérateur Waymark ? Ces accusations de Jean-Marie Doré contre Cellou Dalein Diallo ne laissent pas indifférent Aboubacar Sylla . Ce porte-parole de l’opposition républicaine revient sur cet épisode qui a longtemps paralysé la scène politique guinéenne avant les législatives du 28 septembre 2013. M. Sylla qui dirige l’Union des forces du changement (UFC)  sur le salaire des députés ainsi que la stratégie de son parti pour les prochaines échéances électorales.


-Africaguinee.com : En tant que porte-parole de l’opposition républicaine, que répondez-vous aux accusations de Jean Marie Doré contre Cellou Dalein Diallo pour ce qui est du maintien de l’opérateur Waymark au profit du vote des guinéens de l’étranger ?

-Aboubacar Sylla : Les accusations de jean Marie Doré contre Cellou Dalein sont à la fois graves et infondées. En ma qualité de porte-parole de l'opposition républicaine et dépositaire de toute la mémoire de cette coalition de formations politiques durant les 3 (trois) dernières années, j'ai le devoir et l'obligation de replacer les faits dans leur contexte réel sans aucun parti pris.

Et puis les journalistes et les médias ont suivi l'évolution des tumultes qui ont caractérisé le combat que nous avons mené depuis 2011. Vous savez que nos revendications qui ont justifié nos manifestations pacifiques gravitaient autour de la restructuration de la CENI, du renvoi de l'opérateur Waymark et du vote des Guinéens de l'étranger. Ce sont ces trois questions qui figuraient au menu du dialogue politique qui a commencé en Avril pour s'achever le 3 juillet 2013. Durant 3(trois) mois la question de Waymark a été au cœur de nos débats . Et le consensus s'est dégagé en faveur d'un compromis qui assurait certes le maintien de cet opérateur mais un maintien assorti de nombreuses mesures permettant de limiter de façon drastique tout dysfonctionnement et toute gestion partisane du fichier électoral. En l'occurrence des experts mandatés par l'opposition républicaine et la communauté internationale ont été impliqués, des opérations de monitoring et d'arbitrage local et extérieur des données introduites dans le processus, des structures mixtes de suivi et de veille mises en place, une campagne additionnelle de recensement électoral ouverte, une limitation de l'envergure et de la durée de la mission de l'opérateur Waymark/Sabary, retenue etc… Bref, les opérations de révision du fichier et de confection des documents électoraux avaient été placées sous haute surveillance et semblaient donc largement sécurisées et des assurances fermes avaient été données par la communauté internationale.

Tout ceci fut l'aboutissement de longues et laborieuses discussions lors du dialogue politique. Et pratiquement tous les leaders de l'opposition république y ont activement participé: Cellou Dalein, Sidya Touré, Lansana Kouyaté, Jean marie Doré, Jean Marc Telliano, Bah Mamadou Baadiko, Charles pascal Tolno, Mouctar Diallo et moi même, entre autres. Beaucoup d'autres partis y étaient aussi représentés par des responsables de haut niveau. C'est bien au terme de débats parfois houleux qui ont duré pratiquement tout un trimestre que l'accord fut conclu.

 

"Quand Jean Marie Doré affirme sans sourciller que c'est Cellou Dalein qui aurait levé le doigt le 3 juillet pour affirmer publiquement son acceptation de Waymark en raison des assurances qui lui aurait été données par Mr Said Djinnit, cela  procède tout simplement d'une grossière affabulation indigne d'un homme politique qui a par ailleurs dirigé un gouvernement de transition dans notre pays".

Le maintien de Waymark a été formalisé par l'accord politique inter-guinéen. L'accord politique a été signé le 3 juillet bien après que le cas Waymark ait été débattu, discuté et réglé. Avant cette date le projet d'accord a été lu et amendé mot par mot, ligne par ligne, paragraphe par paragraphe au cours d'une réunion plénière de l'opposition républicaine où tous ont pu émettre et défendre leurs avis. C'est au terme de cet exercice qu'une nouvelle version a été élaborée et présentée les jours suivants au cadre de dialogue en séance plénière.

Jean Marie Doré me semble vouloir tout simplement régler ses comptes avec Cellou Dalein qu'il rend responsable de son échec dans sa tentative de briguer le poste de Président puis celui de 3ème vice-président de l'assemblée nationale ; alors que rien, surtout pas son score aux législatives, ne justifiait de telles ambitions. Jean Marie Doré a également tenu à retourner à Cellou Dalein les "amabilités" qu'il a reçues du député de l'UFDG, Ousmane Gaoual Diallo qui ne l' pas ménagé lors de la séance d'élection du Bureau de l'assemblée. Ces réactions épidermiques et le caractère diffamatoire de ses accusations à propos de Waymark ont largement contribué à décrédibiliser Jean-Marie Doré car la vérité sur les conditions de maintien de cet opérateur technique sont  notoirement connues puisque tout s'est passé au grand jour. Il n'y a pas eu de tractations secrètes. Et puis personne de sensé ne peut croire un seul instant que Cellou Dalein ait pu seul prendre une telle responsabilité en mettant tout le monde devant le fait accompli et qu'il n'y ait aucune protestation de la part des autres leaders et pire, que ces derniers acceptent de participer aux élections législatives sans jamais évoquer ce que Doré appelle "la trahison de Cellou". Je crois que Doré devrait savoir que le peuple de Guinée attend beaucoup mieux de sa classe politique qui lui doit un minimum de respect et de sincérité.

-Une autre question relative à  l’assemblée nationale, c’est le salaire des députés. Est-il vrai que les députés  ont demandé un salaire mensuel de 25 millions de francs guinéens ?

-Les députés n’ont rien réclamé. En tout cas nous,  on n’a pas connaissance d’une séance plénière qui se soit tenue au palais du peuple autour de la question des indemnités et primes à allouer aux députés. C’est la commission des affaires économiques et financières qui s’est réunie et qui a fait une proposition qu'elle a soumise à l’exécutif et ce sont des dossiers qui sont en cours de finalisation. Mais pour répondre à votre question, je dirais que tout dépend du type de député que l'on veut. Je pense que le traitement des députés dépend en grande partie de ce qu’on attend d’eux. Est-ce qu’on veut  des députés alimentaires qui vont passer  leurs journées derrière les membres de l’exécutif pour chercher les moyens de leur subsistance et celle de leur famille ? Veut-on des députés qui vont être potentiellement corruptibles dans la mesure où ils manqueront cruellement de pouvoir d’achat pour se garantir un niveau de vie optimal, des députés qui seront en enclin  d’entériner des projets de loi venant de l’exécutif sans pouvoir les examiner avec toute l’objectivité requise ? Ou alors on veut des députés qui soient réellement indépendants, qui n’ont pas de souci à  se faire quand à leur subsistance et celle de leurs familles, des députés qui peuvent résister aux tentations ? Si les membres du  parlement ont un traitement correct, ils peuvent assurer efficacement le contrôle de l'action gouvernementale, sans être tenté de céder à des propositions quelconques. Moi je dis qu’un député n’est pas un fonctionnaire. Non seulement il doit être à l’abri du besoin, mais il doit pouvoir faire face à des obligations coûteuses à la différence d'un ministre par exemple qui dispose de nombreux services et de diverses compétences pour lui permettre de se forger une opinion sur un dossier précis. Un député doit parfois faire recours à des experts indépendants parce qu’en dehors des assistants parlementaires, un député peut avoir besoin de consulter des cabinets indépendants qu’il faut rémunérer. Parce que nous n’avons pas vocation à être des experts dans tous les domaines. Nous ne sommes pas tous forcements compétents en électricité, en médecine ou en économie. Donc nous avons besoin parfois de  consulter des personnes qu’il faut rémunérer pour pouvoir disposer d’un dossier bien fourni, pour pouvoir alimenter le débat au niveau de l’Assemblée Nationale.  Un député a besoin d’avoir un bureau pour effectuer correctement son travail parlementaire, ce ne sont pas tous les députés qui seront dotés de bureau à l’assemblée, le député a besoin d’un secrétariat, peut-être d'une protection rapprochée. Il a besoin d’un chauffeur. Il lui faut se rendre régulièrement dans sa localité dont-il porte les préoccupations au niveau  l’assemblée. Car n’oublions pas qu’un député est un trait d’union entre la population à la base et  l’Etat. Parce que c’est lui qui recueille à la base les préoccupations et desideratas de la population pour essayer de les traduire en loi et faire en sorte que l’Etat puisse satisfaire la demande sociale qui s’exprime au niveau des populations. Les députés doivent régulièrement voyager et contribuer aux actions sociales éventuelles des ressortissants de leurs localités respectives comme les constructions d'écoles, de centres de santé, de forages d'eau, etc. Tout ceci exige des moyens conséquents.

Les indemnités et les primes des députés ne sont pas destinées à leur permettre seulement d’assurer  leur subsistance mais,   également à faire face à ces obligations  qui sont être liées à l’exercice correct de leurs fonctions.

Ce n'est pas par hasard que les rémunérations des députés tranchent partout ailleurs dans le monde avec les grilles salariales en vigueur tant dans le secteur privé que dans l'administration publique. Je crois que la question est là. Maintenant où faut-il mettre  le curseur? Est-ce que cinq millions de Francs Guinéens d'indemnités suffisent pour cela ? Est-ce dix millions qui sont nécessaires? Est ce qu’il faut aller à quarante millions ? Est ce qu’il faut descendre à 25 000.000 ou à un 15 000.000? Cela est un autre débat.

 

-Les élections communales et présidentielles approchent. Comment se porte votre formation politique, l’UFC  pour préparer ces échéances électorales ?

-Ma fonction très prenante de porte-parole de l’opposition m’avait un peu distrait  de ma responsabilité de leader politique. J’avais préféré me donner à fond pour que notre cause commune soit défendue valablement.  C’est ainsi qu'au niveau du porte-parolat,  j’ai dû assumer simultanément plusieurs fonctions et m’occuper de beaucoup de choses à la fois, puisque l’opposition ne disposait d’aucune organisation spécifique, aucune institution n’existait. Pas de secrétariat ni de permanence ou de comité de coordination.  Il fallait que le porte-parole assure la rédaction et la diffusion de toutes les déclarations dans les medias, la rédaction des mémorandums jusqu’à l’élaboration des courriers et effectue d’autres activités comme la représentation devant les institutions nationales et internationales. Il fallait que je l’assume, je l’ai fait avec beaucoup d'engagement et de fierté. Ceci m'a a pris un peu  de temps et m'a souvent distrait de ma fonction de leader politique. Mais je n'ai aucun regret, bien au contraire. Aujourd’hui je suis libéré ou presque de cette fonction de porte-parole.  Et cet exercice exige maintenant moins de temps, j’ai donc la possibilité de mieux m’occuper du parti politique dont j'ai le redoutable privilège d'être le Président, l’UFC.

Nous sommes sur cette lancée, nous avons redynamisé toutes les structures du parti. Nous sommes en train de continuer notre implantation à l’intérieur du pays. Et si vous venez au siège du parti vous verrez qu’il y a d'intenses activités, en particulier les samedis le jour où nous tenons nos assemblées générales. Aujourd’hui nous sommes en train de mettre sur pied notre stratégie de communication  et d’implantation pour que nous soyons effectivement prêts à en découdre avant les élections communales dont nous espérons qu’elles  se tiendront cette année 2014.

-Serez-vous de nouveau en alliance avec l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ?

-L’UFC  se met en ordre de bataille et s’organise actuellement pour affronter les prochains scrutins. L’UFC n’est pas fondu dans  l’UFDG. L’UFC, NFD et l’UFDG ont fait une alliance conjoncturelle à l’occasion des élections législatives de 2013. Tout laisse présager aujourd’hui que cette alliance pourrait se renouveler pour le prochain scrutin communal et peut-être même lors des présidentielles de 2015. Nous avons tous, la volonté commune de nous renforcer mutuellement. Mais NFD, l'UFC et l'UFDG demeurent encore des entités politiques bien séparées qui continuent leurs existences propres même si ces partis sont proches du point de vue de leurs programmes de société et des visions de leurs leaders respectifs. Mais à l’UFC rien n’est exclu, l’UFC est un parti qui a pour  vocation de conquérir le pouvoir donc, nous n’avons pas l’intention de nous laisser distraire. L’UFC est un parti national, nous voulons que l’UFC puisse produire le futur Président de la République. C'est sa vocation à l'instar de la plupart des partis politiques existant dans notre pays.

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 51 31

Créé le 19 mars 2014 11:55

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