Thierno Iliassa Barry ‘’C’est Touss’’ : « Comment ma vie a basculé… »

Thierno Iliassa Barry, ‘’C’est Touss’’

CONAKRY-Sa vie a basculé (peut-être même malgré lui) dans un sens qu'il ne pouvait l'imaginer !  Thierno Iliassa Barry, le concepteur du slogan ‘’C’est Touss’’ est devenu une star sur les réseaux sociaux. Il est suivi par plus de 60.000 personnes. Ses vidéos sont vues et partagées des milliers de fois. Son "français" désarticulé lui a valu cette popularité. Son slogan ‘’C’est Touss’’ est devenu un phénomène à la mode.  Faute d'emplois, comme beaucoup d'autres jeunes guinéens, Thierno Iliassa Barry vivait dans la "débrouille" avec son métier de conducteur de taximoto.

Si certains pensent qu’il baigne dans le bonheur depuis qu’il est devenu populaire grâce à son slogan ‘’C’est Touss’’, le jeune de 26 ans, originaire de Dalaba, "Mitty", lui raconte qu'il rencontre assez de difficultés. Quelles sont ses ambitions, ses projets en cours ? Bientôt "Papa", C’est Touss’’ s'est confié à Africaguinee.com. 

AFRICAGUINEE.COM : Dites-nous comment est né le slogan ‘’C’est Touss’’ qui vous a valu cette notoriété ?

THIERNO ILIASSA BARRY ‘’C’EST TOUSS’’ : C’est le 13 février 2018, lors d’une journée de manifestations politique dans le pays, alors que, comme d'habitude, j'exerçais ma profession de taxi-moto, j’ai rencontré une fille vers Prima Center (un centre commercial sise à Kipé dans la commune de Ratoma ndlr), elle m’a prié de l’envoyer à Hamdallaye (un quartier coutumier de violences pendant les manifestions se trouvant sur l’axe le prince dans la commune de Ratoma ndlr). Ce jour, c’était chaud, les accrochages suivis de violences étaient constatés presque partout. Il y avait des mouvements sur l'autoroute le Prince. Donc, on ne pouvait pas emprunter cette route. C’est ainsi que je l’avais prise pour emprunter la corniche nord et on était passé par Ratoma pour remonter directement à Hamdallaye.

Maintenant, après l'avoir déposé à sa destination, étant seul sur ma moto, je m’étais dit de passer par Bambéto. C’est en ce moment que j’ai eu cette chance. J'ai croisé des policiers qui m'ont roué de coups alors que je n'étais pas manifestants. J'ai ensuite rencontré des journalistes qui m'ont interrogé. Tout est parti de là. Pour moi ça été un bonheur, ce n'est pas un accident comme d’autres le prétendent. Aujourd’hui, je suis content de voir que tout le monde parle de moi, ça me fait vraiment plaisir. Mais faut-il savoir que depuis cette date, l’affaire ‘’C’est Touss’’ m’a également causé des préjudices. Parce qu’à cause de ça j’ai arrêté mon travail. Quand je sors dans la circulation, les gens me reconnaissent très facilement, à tout instant on me demande de prendre des photos avec eux, je les aime et les adore, je suis très content de leur soutien envers moi.

Depuis cette date, vous avez rencontré des stars, de grandes personnalités du pays, dites-nous qu’est-ce qui a vraiment changé dans votre vie ?

Depuis que j’ai commencé à rencontrer ces grandes personnalités, mon travail s'est arrêté. Je n’arrive plus à travailler. Depuis le 12 janvier j’ai arrêté de faire taxi-moto, à l’heure-là je ne peux pas faire taxi-moto parce que les gens me reconnaissent tellement. Cela a vraiment bloqué mon travail. Maintenant je ne sors presque pas à la maison parce j’ai peur, quand tout le monde veut te voir ce n’est pas facile, biens-sûr que j’aime bien mes fans, j’aime les rencontrer. Mais c’est dans ces genres de situations aussi que d’autres personnes malintentionnées peuvent profiter pour te faire du mal. Donc, c’est à cause de tout ça que n’ose pas sortir pour faire mon travail en ce moment.

Est-ce que vous arrivez à tirer des bénéfices de votre slogan ?

Pour le moment, je n'arrive pas à en tirer assez de bénéfices avec mon slogan, mais nous avons des projets en perspective pour le valoriser. Tout le monde en parle, on l'utilise sur les réseaux sociaux, partout en longueur de journée, mais moi je ne suis pas encore bénéficiaire. C'est pourquoi je demande de l'aide pour ouvrir mon entreprise (…) avec l'appui de certaines stars du pays, on a rencontré des institutions, mais nous n'avons pas encore obtenu quelque chose de solide. Néanmoins, nous sommes allés au bureau guinéen des droits d'auteur (BGDA) pour obtenir le label de "c'est touss". Ce processus est en bonne marche.

Quelles sont vos ambitions ?

Je veux faire la comédie. Je veux être un grand comédien. Mais je n’ai ni les moyens, ni le soutien qu'il me faut pour y arriver. Donc, c’est difficile pour moi d’aller au bout de mes rêves. Je suis marié et bientôt je vais devenir papa. C’est pourquoi je lance un appel à l’aide, je veux vraiment créer mon propre entreprise. Même si je gagne au moins cinq motos, cela pourra assurer les dépenses de ma famille pour le moment.

Pourquoi vous n’avez pu aller à l’école pour les études ?

Vous savez, on dit souvent en Poular que ‘’un sac vide ne peut pas se tenir débout’’. Donc, quelqu’un qui a faim ne peut pas étudier. C’est la pauvreté qui m’a empêché d’étudier. Je suis le benjamin chez mon père qui est décédé lorsque j’avais un an six mois. Donc, je ne connais pas mon papa. C’est ma mère seule qui m’a élevé, c’est elle qui a épousé pour moi. Sinon, j’avais l’intelligence pour étudier, mais on n’avait pas les moyens pour financer mes études.

Quel message avez-vous à lancer à l’endroit de vos fans qui vous suivent sur les réseaux sociaux ?

Je les félicite tous. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont dans les mêmes situations que moi, qui n’ont pas les moyens mais qui sont intelligents, qui ont de l’avenir. Donc, je leur dis : "battez-vous, exploitez votre savoir-faire, il faut oser entreprendre, ne restez pas assis à la maison tout le temps, ne croisez pas les bras". Je demande aux jeunes d’avoir le courage, de se battre, d’entreprendre pour notre avenir et donnons-nous les mains pour le futur.

En ce moment la Guinée traverse une double crise sanitaire : le Coronavirus et Ebola.  Quel message avez-vous à lancer à l’endroit du gouvernement et la population guinéenne ?

J’ai peur depuis que j’ai entendu qu’Ebola est venu s’ajouter au Coronavirus dans notre pays. C’est vraiment difficile parce qu’en Guinée, si tu ne sors pas pour travailler, tu n’auras rien pour ta famille. Le guinéen travaille aujourd’hui pour avoir ce qu’il doit manger demain. C'est dans ces conditions déjà difficiles, qu'Ebola vient s’ajouter au Coronavirus, c'est inquiétant. Je lance un appel à toutes les bonnes volontés, au gouvernement de faire tout ce qui  est de son pouvoir pour combattre ces deux épidémies. A tous les guinéens, donnons-nous les mains pour combattre Ebola et le Coronavirus.

Je dis Merci à tous les guinéens, merci à tous les lecteurs d’Africaguinee.com. Merci à tous mes abonnés, merci à vous. C’est Touss !

Interview réalisée par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 666 134 023

Créé le 19 février 2021 10:15

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