Retour des civils au Pouvoir : « Il faut voir comment raboter les 600 millions de dollars… », préconise Bah Oury

Bah Oury, leader du Union des démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG)

CONAKRY-En Guinée, un nouveau front politique est en gestation. Le 5 août 2023, près d’une vingtaine de coalitions politiques se sont retrouvées à Conakry pour discuter de la mise en place d’une large plateforme hétéroclite pour parler d’une même voix autour de la conduite de la transition. Les dirigeants de ces blocs politiques dont l’ex premier ministre Lansana Kouyaté, l’ancien ministre de la réconciliation nationale Bah Oury, Ousmane Kaba, Faya Milimouno et tant d’autres ont décidé d’unir leur force. D’où est partie l’initiative de mettre en place ce front ? Quels sont les objectifs fixés par cette Coalition en gestation ? Africaguinee.com a interrogé Bah Oury, l’un des initiateurs. 

AFRICAGUINEE.COM : Vous avez réuni une vingtaine de coalitions politiques le week-end, d’où est partie cette idée ?

BAH OURY : Cette initiative est née au mois de mai lorsque 5 coalitions dont la nôtre avait pris l’initiative d’inviter 4 autres coalitions dont celles de messieurs Lansana Kouyaté, Siaka Barry, Mory Kaba pour discuter de la conduite à tenir par rapport à certains sujets relatifs à la marche de notre pays. Nous avons décidé de prendre contact avec les facilitatrices pour solliciter que ces dames organisent une réunion, une concertation sous leur égide avec toutes les coalitions et faîtières de la société civile qui sont membres du cadre du dialogue.

Par la suite, on a envoyé une lettre à ces dames. Nous avons eu des entretiens avec ces facilitatrices lors desquels nous étions trois Lansana Kouyaté, Faya Milimono et moi-même. Enfin de compte, l’idée de regrouper les coalitions a germé pour qu’elles puissent échanger sur les contours de la feuille de route de la transition actuelle pour savoir : où est-ce-que nous en sommes ? Quelles sont les difficultés en vue ? Le but est de faire des propositions alternatives aux autorités de la transition. Elles ne sont pas allées dans cette direction. Ce qui a été fait, c’est d’interpeller le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, pour que ce dernier rencontre les présidents des coalitions afin de statuer sur ces types de réunions pour qu’elles ne soient pas occasionnelles mais qu’elle soit inscrite dans une feuille de route et selon un calendrier bien établi. Ce, pour permettre à tout le monde d’être au même niveau d’information.

Cette réunion a lieu il y a quatre semaines de cela, l’administration du territoire avait reçu toutes les coalitions. Au cours de cette rencontre, un document faisant état de l’avancement des dix étapes du chronogramme a été présenté ainsi que du coût estimatif de la réalisation des tâches du chronogramme et d’autres hypothèses de travail qui sont à l’intérieur de ce document que le ministre Mory Condé a distribué à tous les participants.

Par la suite, nous avons estimé que les groupes de coalitions qui s’étaient retrouvées au mois de mai y compris la CPA, la coalition de Monsieur Saa Robert, qu’il faut, par nous-même, appeler toutes les autres coalitions à se retrouver. Ce travail d’approche et de persuasion a duré à peu près deux semaines. Et ce samedi 5 août, nous avons réussi à mobiliser 17 coalitions, qui sont parties prenantes du cadre du dialogue. D’autres mêmes qui viennent pour la première fois, participer à la rencontre l’une des coalitions est issue de la scission de l’ANAD.

Quels sont vos objectifs ?

L’objectif de tout cela, premièrement c’est de permettre aux partis politiques, aux coalitions politiques, aux faîtières de la société civile et aux forces sociales, de manière responsable, de pouvoir se retrouver de manière régulière pour échanger sur la situation du pays, examiner les propositions gouvernementales, apporter des propositions alternatives et constructives aux autorités de la transition puisque cela doit être concerté, comme on le dit, nous sommes des partenaires de la transition actuelle et c’est notre affaire également.

Le deuxième aspect, il est bon que les partis et l’ensemble des structures que je viens de citer aient la possibilité de manière régulière, en cas de nécessité, de se retrouver, d’échanger sur des situations et des thématiques intéressant l’intérêt national. Et, d’apporter un point de vue qui pourrait résulter d’un consensus de l’ensemble des parties prenantes afin que cela soit formulé comme une orientation et de propositions en cas de nécessité aux autorités de la transition, à la communauté internationale et aux autorités sous-régionales.

Est-ce qu’à la longue on pourrait assister à un front mieux structuré avec des postes de responsabilité bien déterminés ?

Ce qui est le plus important, c’est l’espace de concertation qui sera mis en place. Pour que cette concertation soit large, féconde, innovante, pour permettre à des acteurs intéressés par rapport à la situation nationale, de se partager leur point de vue et de se convaincre mutuellement, d’une ligne d’actions de manière unitaire.

Comme vous le savez, lorsque vous mettez un espace de concertation et vous allez dans le sens de la mise en place d’un président, porte-parole, il va de soi que ça crée toujours des problèmes à cause la mentalité de la classe politique guinéenne. Ce qui est plus essentiel, c’est la mise en place d’une convention nationale des coalitions politiques et des faîtières des forces sociales qui peuvent se retrouver avec bien entendu une structure légère pour son organisation et pouvoir discuter.

Sur quoi avez-vous échangé lors de la rencontre du 05 août ?

Sur les points inscrits à l’ordre du jour, il y avait la nécessité de se retrouver, se structurer, créer cet espace de concertation et d’échange. C’était cela l’élément essentiel. Bien entendu, les motivations, chacun a eu son opinion sur pourquoi il faut ça. On a juste acté la naissance de cette structure, le nom et certaines tâches seront indiqués dans les prochains jours. Nous n’avons pas donné encore le nom parce qu’on doit se retrouver pour trouver un consensus sur le nom. Séance tenante, ce n’était pas le lieu de passer des heures à en discuter. Mais ça va se faire dans le meilleur délai.

Concernant le déroulement de la transition quels sont les points abordés ?

L’autre sujet qui est essentiel, nous allons rédiger un mémorandum, relatif à l’état d’avancement de la feuille de route de la transition, pour aller plus en profondeur. Parce que le document qui a été transmis par le ministre de l’administration du territoire avait fait ressortir des chiffres de l’ordre de 600 millions de dollars comme budget du processus de la transition de manière globale.

Ensuite il y avait également des hypothèses de travail qui avaient été avancées. En tant qu’acteurs politiques, nous sommes obligés d’apporter des éléments d’actions, des précisions et des propositions alternatives. Ce qui est essentiel, c’est de mettre en avant la gestion de la transition pour qu’elle se déroule pour l’intérêt de la Guinée et des Guinéens. Et il ne faudrait pas qu’on fasse comme si on est tributaire du financement extérieur pour agir ou continuer de dérouler la feuille de route de la transition. Il faut que ces questions soient abordées pour que nous puissions avoir des propositions alternatives de financement et même d’initiatives susceptibles d’alléger le coût, le rendre plus acceptable et plus réaliste.

D’autre part, il faut voir également quelles sont les étapes essentielles qu’il faudrait économiser pour ne pas avoir un budget qui serait au-delà des moyens disponibles. Ça c’est une question fondamentale par rapport à la possibilité de faire en sorte que la transition guinéenne aille conséquemment dans les délais requis.

Est-ce-que vous voulez dire que le budget proposé par le Gouvernement est trop élevé ?

Bien sûr, 600 millions de dollars c’est trop élevé. Il faut voir comment raboter cela, éliminer d’autres propositions, parce que la tâche essentielle dans le contexte actuel c’est le retour à l’ordre constitutionnel normal dans le délai requis. Les autres tâches susceptibles d’être gelées et qui pourraient être relancées, après la transition, rien n’empêcherait de les faire.

Certains voient derrière votre action une façon de faire ombrage aux forces vives. Que répondez-vous ?

De toutes les façons, les forces, pour qu’elles puissent parler et arriver de manière responsable à certains objectifs, il faut qu’elles s’organisent. La mise en place de cet espace de concertation est née suite à un constat, que les présidents des coalitions des partis politiques principalement n’étaient ni dans le comité de suivi, ni dans le comité permanent du cadre du dialogue inter-guinéen. Il n’y avait aucune structure susceptible de les faire participer activement dans le suivi ni dans la concertation pour la mise en œuvre des programmes liés à la transition. Il fallait donc qu’on corrige cela. En le corrigeant, nous avons estimé qu’il faut que nous nous autoorganisons pour avoir cet espace de concertation et pouvoir par ce biais-là, de manière collective, faire des propositions aux autorités de la transition, et ne pas que celles-ci nous fassent signe pour qu’on vienne les écouter et après tourner le talon. Il faut que les discussions soient proactives, parce que nous avons également des propositions à faire, et que cela qui va conforter l’indispensable nécessité d’avoir une transition concertée et paisible.

N’est-ce pas là une manière pour vous de vous positionner comme l’interlocuteur privilégié des acteurs politiques auprès des autorités de la transition ?

Non ! Collectivement nous voulons montrer que les coalitions politiques, faîtières de la société civile et les forces sociales existent en tant que telles, elles ont un point de vue et sont des partenaires de la transition, et en conséquence, elles doivent être écoutées, apporter leur contribution pour que cette transition réussisse.

Quelle va être la prochaine étape ?

C’est les travaux administratifs que nous aurons à faire dans les prochains jours et la rédaction du mémorandum qui sera déposé au plus tard la fin de la semaine prochaine.

Que va contenir ce mémorandum ?

Des propositions alternatives, responsables et constructives pour que nous puissions aller de l’avant avec nos moyens sans pour attendre d’hypothétique contribution extérieure qui peut venir tout comme qui peut retarder. En tant Guinéens responsables et désireux de voir son pays évoluer dans la stabilité, nous devons en conséquence faire des propositions et rechercher d’autres pistes alternatives notamment dans le financement. Proposer dans ce cadre ce qui est réaliste et conforme à l’intérêt général.

Est-ce-que comme d’autres, vous craignez éventuellement un glissement du calendrier de la transition, les 24 mois ?

Pour l’heure la question ne se pose pas. Pour le moment il faut être dans les clous des programmes et de l’accord avec la CEDEAO.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 7 août 2023 13:15

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