Répression de 2007 en Guinée : les victimes réclament justice

Le défunt président Lansana Conté

CONAKRY- Les victimes de la répression du 22 janvier 2007 sous le régime de l’ancien président Lansana Conté, réclament justice. Sept ans après cette tragédie qui avait fait des dizaines de morts, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH), ont  dénoncé mardi, à Conakry,  le « manque de volonté politique réelle » des autorités guinéennes dans la poursuite de procédure judiciaire ouverte en 2012, a appris Africaguinee.com

 

Manque de volonté politique
 

Le coordinateur du collectif des avocats des victimes de janvier et février 2007, Me Hamidou BARRY, à l’entame, a indiqué qu’ « on peut soutenir qu’il y a un manque de volonté politique réelle et foi lorsque nous comparons le dossier de l’attaque de 19 juillet 2011, un dossier qui a gravité le cabinet du juge d’instruction, à la chambre d’acquisition, et devant la cour d’Assises. Seulement, 5 mois de procès, l’arrêt est tombé. Nous victimes et représentant des victimes, nous estimons quelque part, il y a des pesanteurs politiques, militaires, communautaires peut-être qui ont empêché. Il y a aussi que nous étions dans la transition. De nos jours, nous avons les trois pouvoirs réunis. Nous estimons que l’exécutif va changer de thèse. Sa thèse sera de laisser la justice faire son travail, de laisser le juge d’instruction  jouer son rôle, la cour d’assises doit jouer son rôle. Donc, il y a un manque de volonté politique réelle, et ce n’est pas facile pour le moment en Guinée qu’un haut gradé de l’armée soit poursuivi comme un autre citoyen. C’est ça la réalité. Mais, nous militants des droits de l’Homme, avocats constitués, nous allons continuer notre combat. Nous ne désespérons pas », a-t-il rassuré.
 

Abordant le dossier du 28 septembre 2009,  l’avocat promet qu’ils ne baisseront pas les bras : « c’est ici ou ailleurs. Que la Guinée veille juger le dossier, c’est ce que nous souhaitons parce qu’il y a beaucoup des victimes, mais aussi, il y a beaucoup d’accusés qui doivent venir devant les juges d’instructions, ou qui doivent comparaître devant la cour d’assises si c’est en Guinée. Sinon, la cour pénale internationale est là. Donc, nous sommes convaincus que nous allons lutter pour que justice soit rendue ».
 

Par ailleurs ajoute-t-il, « nous ne sommes pas liés à la politique, nous sommes liés au code pénal, au code des procédures pénales et aux statuts de Rome. C’est ce qui nous lie aux textes guinéens et aux instruments juridiques internationaux. On n’est pas lié à la politique et au communautarisme. Nous allons mener notre combat pour que justice soit rendue et dans le dossier du 28 septembre, et dans le dossier de 2007 parce que nous allons ouvrir encore le dossier, soit à Labé, soit à Nzérékoré, soit Kindia pour qu’on continue ».

Enfin, Me Barry regrette du fait que « nous avons des difficultés pour que les hauts gradés de l’armée comparaissent devant le pool des juges d’instruction. C’est ce que nous regrettons, et on a des difficultés pour expliquer ça aux victimes. Devant les juge, vous n’avez pas de casquette de haut gradé, devant le juge soit vous êtes inculpés soit vous êtes victimes », conclut-il.
 

Prise de conscience

Le président de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH), Dr Thierno Maadjou SOW, a pour sa part noté un « changement ».
 

Même s’il n’y a pas un résultat très visible, admet-il, ‘’les officiers de l’armée savent que maintenant quand ils commettent un délit ou un crime, on peut les traduire devant une juridiction’’
.

« Vous savez, c’est un processus. C’est lent, c’est difficile. Mais nous devons continuer à lutter pour que ça change. Ce n’est pas parce que quelqu’un a été avec nous que nous devons lui donner toutes les libertés, toutes les licences, non ! », a martelé Dr SOW.
 

Une occasion à saisir après la transition
 

M. Antonin RABECQ, représentant de la FIDH en Guinée, lui dira qu’à l’occasion du 7ème anniversaire, le sentiment de la FIDH est que la Guinée a une occasion historique de faire face aux crimes du passé.
 

« Depuis quelques jours, on clos le cycle de transition, et nous demandons aux autorités guinéennes de se tourner vers ces événements douloureux du passé et en fin de répondre aux droits des victimes à la justice, à la vérité et à la réparation. Notre rôle de société civile nationale comme internationale, c’est d’accompagner ces victimes pour que la justice soit la plus équitable possible et que chacune d’elle soit accompagnée dans les meilleurs conditions devant les juges d’instructions ».

Jusqu’à la mi-février 2007, rappelle-t-il, des crimes ont été commis sur l’ensemble du territoire guinéen et les 33 préfectures guinéennes. « En 2014 nous allons étendre notre action pour aller à la rencontre des victimes à l’intérieur du pays, afin que chacune d’entre elles, s’il le souhaite, aller devant la justice. Nous le ferons, mais cela ne pourra fonctionner que si le gouvernement guinéen affiche une volonté et un soutien politique fort à cette enquête qui demandera des moyens et que les juges puissent travailler sans aucune obstruction », a souligné Antonin RABECQ.
 

A noter que le 22 janvier 2007, des dizaines de civils avaient été tués par les forces de sécurité en marge d’une grève générale illimitée lancée par l’intercentrale syndicale qui réclamait une amélioration des conditions de vie des populations. Après des mois de grève, un premier ministre de transition, Lansana Kouyaté avait été nommé en mars 2007, avant d’être limogé par le président Lansana Conté, un an plus tard.
 

Aliou BM Diallo

Pour Africaguinee.com

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Créé le 21 janvier 2014 15:39

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