Immersion à Tinkin Manfran, une sous-préfecture en manque tout : « Nous sommes des laissés pour compte…»

KISSIDOUGOU- La sous-préfecture de Tinkin Manfran relève de la préfecture Kissidougou, en Guinée forestière. Elle est située à 55 kilomètres de la commune urbaine de cette ville de la région administrative de Faranah. Cette municipalité est complètement abandonnée depuis son érection en sous-préfecture. Le constat révèle l’absence d’infrastructures (écoles, centre de santé, routes). Les rares infrastructures existantes remontent à la première République, et la communauté locale souffre d’un manque criant de ressources. Un journaliste d’Africaguinee.com y affecté un tour. Reportage.

A Tinkin Manfran, les visages des habitants croisés sont crispés. C’est le signe d’un mécontentement vis-à-vis  des autorités centrales qu’ils accusent d’avoir oublié leur localité.  Mamady Sanoh, un habitant de la sous-préfecture de Tinkin Manfran, témoigne  : « Dans notre sous-préfecture, nous n’avons ni marché construit ni lieu de regroupement des femmes. À cela s’ajoute le manque d’eau potable, les forages sont insuffisants, il n’y a pas de routes, et aucune assistance des autorités depuis des décennies. Nous sommes des laissés pour compte », déplore le visage crispé.

Fassouma Camara est un habitant de la commune rurale. Il dénonce l’absence d’infrastructures administratives essentielles. Il craint même l’effondrement du bâtiment abritant le bureau de la sous-préfecture : « Nous sommes au 21ème siècle, et Manfran n’a ni poste de police ni poste de gendarmerie. Lorsqu’un fonctionnaire y est affecté, il ne vient pas à cause du déficit des infrastructures de base. Certains districts n’ont jamais connu l’existence d’un poste de santé, et les locaux de la sous-préfecture risquent de s’effondrer un jour. Nous n’avons même pas de siège abritant la mairie » explique ce citoyen visiblement remonté.

En outre, la jeunesse de cette localité rurale est confrontée à un manque d’infrastructures récréatives et éducatives. Lamine Camara est l’un des jeunes leaders de cette localité, il explique : « Les jeunes de Manfran manquent de lieux de loisirs, tels que le terrain de sports et la Maison des Jeunes. Pratiquement, nous n’avons rien pour le bonheur de la jeunesse, et on a l’impression que le ministre de la jeunesse est absent dans ce pays. On n’a vu aucune aide de la part de son département », soupire cet habitant.

En plus de ces problèmes, l’éducation dans la commune de Tinkin Manfran est sérieusement compromise comme le souligne M. Mansaré, responsable d’une école locale : « L’éducation est bafouée ici. Le collège n’a qu’une salle de classe opérationnelle pour la 7ème année. Les autres niveaux ne fonctionnent pas. Il n’y a seulement trois enseignants contractuels. Ce ne sont pas des fonctionnaires d’État. Certaines filles sont envoyées en mariage avant l’âge, abandonnant ainsi l’école, et le transfert incessant des élèves a également un impact négatif », dénonce l’instituteur.

La route principale reliant la commune rurale à la ville de Kissidougou est  dégradée, entravant la commercialisation des produits agricoles entre la localité et ses voisins. Maka Camara n’en peut plus : « Cette route nous fatigue énormément depuis des décennies. Elle était un important axe commercial pour les grandes entreprises minières, notamment l’exploitation de diamants. Maintenant-là, il est difficile d’envoyer nos produits agricoles là-bas en raison de l’état piteux de la route. Nous souffrons vraiment ici dans notre sous-préfecture », révèle cet autre habitant.

Face à ces défis, les habitants appellent les autorités de la transition guinéenne à intervenir et à leur venir en aide. Ils implorent le président de la transition pour les aider à sortir de ces difficultés.

« Je demande aux autorités de la transition guinéenne de prendre en considération notre communauté qui manque de tout. Nous sollicitons leur aide pour le développement local de notre sous-préfecture, car actuellement, nous ne reflétons pas véritablement l’image d’une sous-préfecture digne de ce nom. Personnellement, j’adresse cette requête au président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, implorant son assistance pour nous sortir de cette impasse qui perdure depuis trop longtemps”, crie cet habitant.

Les administrateurs territoriaux affectés dans la sous-préfecture ont du mal à rester plusieurs jours sur place en raison des problèmes d’infrastructures, nous explique-t-on. Pourtant, plusieurs personnalités éminentes de la préfecture de Kissidougou, dont l’ancien député national Seinkou Camara, le préfet actuel de Kankan Kandia Mara, et l’ancien chef d’État-major général des armées sous le régime du CNDD en l’occurrence général à la retraite Oumar Sanoh, sont originaires de la sous-préfecture de Tinkin Manfran. Certains se demandent comment ont-ils oublié leur localité. Ces témoignages soulignent l’urgence d’une intervention pour améliorer la situation critique de cette commune rurale.

Un reportage de Facely Sanoh

Pour Africaguinee.com 

Tel:( +224) 623 75 80 95

Créé le 23 novembre 2023 14:13

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