Pourquoi les Etats-Unis sont devancés par la Chine en Afrique

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FIGAROVOX/TRIBUNE – Alors qu'un sommet Etats-Unis/Afrique vient de s'achever à Washington, Laurence Daziano considère que l'Amérique est en retard, par rapport à une Chine conquérante et déjà installée en Afrique.

Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po Paris, est également membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique.

Barack Obama a réuni, entre le 4 et le 8 août, son premier sommet entre l'Afrique et les États-Unis. Durant quatre jours, une cinquantaine de chefs d'État se sont retrouvés à Washington pour évoquer les questions sécuritaires, la lutte contre le virus Ebola en Afrique de l'Ouest, mais, surtout, les questions économiques, commerciales et énergétiques. La législation Agoa (African Growth and Opportunity Act, loi américaine votée en l'an 2000 visant à faciliter le commerce avec l'Afrique) et le programme Power Africa ont ainsi largement monopolisé les discussions. Barack Obama aura attendu son second mandat pour entamer une tournée africaine, puis réunir le sommet américano-africain.

Le sommet de Washington arrive trop tard. L'Afrique a désormais les yeux tournés vers les grandes puissances émergentes, notamment la Chine, l'Inde et le Brésil.

Or, le sommet de Washington arrive trop tard. L'Afrique a désormais les yeux tournés vers les grandes puissances émergentes, notamment la Chine, l'Inde et le Brésil. Dans ce nouveau monde qui se dessine, comme le premier ministre chinois, Li Keqiang, l'avait indiqué dans une longue tournée africaine en mai 2014, qui l'avait successivement conduit en Éthiopie, au Nigeria, en Angola et au Kenya, «les relations entre la Chine et l'Afrique sont entrées dans un âge d'or». Li Keqiang exprimait ainsi une doctrine chinoise qui confirme l'importance croissante de l'Afrique pour l'empire du Milieu.

En premier lieu, l'Afrique est un partenaire commercial stratégique pour la Chine. Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain. Les investissements directs chinois ont atteint, en 2013, 25 milliards de dollars et plus de 2 500 entreprises chinoises y investissent. Le commerce entre l'Afrique et la Chine s'élève à 210 milliards de dollars. Plus important encore, il y a tout lieu de penser que les échanges vont croître car, d'une part, la Chine dispose d'immenses réserves de change à investir dans le monde (près de 3 800 milliards de dollars), d'autre part, la Chine doit trouver de nouveaux débouchés pour ses produits alors que le continent africain comptera 2 milliards d'habitants d'ici à 2050.

En second lieu, la Chine a besoin, pour soutenir sa croissance à long terme, d'immenses quantités de matières premières et de ressources fossiles. Seul le continent africain peut y pourvoir. D'ici à 2030, 35 % dela croissance énergétique mondiale proviendra de la Chine. La caractéristique première du commerce sino-africain réside dans la place prépondérante occupée par les matières premières. L'Afrique permet à la Chine d'acquérir une indépendance dans son accès aux matières premières et de sécuriser son approvisionnement. Cette politique a été explicitement développée dans la doctrine chinoise du «going out», visant à faire croître les entreprises chinoises dans le secteur des matières premières à l'étrangeret tout particulièrement en Afrique. La Chine a conclu de nombreux accords et contrats de long terme avec les pays africains producteurs de pétrole, notamment le Nigeria et l'Angola. Ces relations entre la Chine et les producteurs de matières premières vont croissantes.

 

Le figaro.fr

Créé le 9 août 2014 10:49

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