Mamadou Sylla assène ses vérités : « J’ai dit à mon ami Cellou et aux forces vives… »

Elhadj Mamadou Sylla, leader de l'UDG président de la Cored

CONAKARY-Comment sortir de la crise politique dans laquelle la Guinée est engluée ? Faut-il impliquer la Cedeao ? Comment expliquer la « non-levée » des contrôles judiciaires malgré la promesse faite par le Gouvernement ? Elhadj Mamadou Sylla livre son analyse.

AFRICAGUINEE.COM : La Guinée replonge dans l’impasse politique. D’après vous comment sortir de cette situation ? 

ELHADJ MAMADOU SYLLA : Je suis très confus. On ne sait pas comment tout ça va finir. Quand j’étais avec les autres au sein du quatuor, je leur disais souvent qu’il fallait fléchir un peu. J’ai continué sur cette démarche, jusqu’à un moment où ils ont trouvé que je suis trop souple avec le Premier ministre. Or, il n’y a pas ce qu’on n’a pas dit. Tout ce qu’ils réclament aujourd’hui, on l’a fait ensemble. Aujourd’hui, nous sommes dans l’impasse.

Vous connaissez les différents protagonistes. Quelles propositions de sortie de crise préconiseriez-vous ?

Je me suis toujours inscrit dans le sens de prôner la paix. Depuis que les militaires sont venus au pouvoir, dès le premier jour, ils ont demandé de faire des mémos. Cela a été fait. A l’époque, le quatuor était catégorique. Tout ce qu’on pose aujourd’hui comme revendications au sein des forces vives de Guinée (…), c’est nous qui les avions portées. Aujourd’hui, tant que la classe politique ne se réunit pas, faire bloc, parler d’un même langage, tant qu’on utilise une partie au détriment de l’autre, on n’aura pas de solution. Le jour où on sera conscient de cela, je crois que ça nous aidera.

Le 1er mai passé, j’ai beaucoup aimé l’attitude des centrales syndicales au nombre de treize mais qui ont décidé de parler d’une même voix. Avant on était uni, mais l’arrivée du Pr Alpha Condé a favorisé cette division. Il a divisé pour régner. Le patronat s’est éclaté à quatre, les centrales syndicales qui était entre deux et trois, se sont divisées. Aujourd’hui, on parle de treize. Mais elles ont décidé de mettre les égos à part pour s’unir, elles ont préparé un cahier de charge conjoint qu’elles ont soumises au Gouvernement, c’est une maturité. Elles ont la force devant l’autorité.

Tant que la classe politique ne prend pas conscience, elle ne va pas s’en sortir. Il faut que les acteurs se donnent la main, parlent sans exclusion et se comprennent. Après, les revendications qu’on mettra devant le Gouvernement seront prises en compte. Parce que le Gouvernement sera obligé de nous écouter. Mais aujourd’hui, c’est le véritable problème.

On se demande comment sortir de cette situation. Les religieux se sont impliqués, ils sont à bout de souffle, ils n’ont pas pu, le Gouvernement, les forces vives chacun campe sur sa position. Où on va finalement ?

Est-ce que l’implication de la Cedeao nous pourra pas décrisper la situation ? 

On parle de la Cedeao, mais lorsqu’on était au quatuor, on avait exigé que la Cedeao soit là. Le médiateur Boni Yayi est venu, qu’est-ce cela donné ? Finalement, il est même où ? Il a complètement disparu des radars. Le président en exercice de la Cedeao, Sisoco Embalo qui était chaud, il est calme. Chaque pays a ses propres problèmes. C’est ça la réalité.

Quand tu prends le Sénégal, Macky Sall a ses problèmes avec l’opposition. Il parait qu’il a plus 300 opposants en prison. La Côte d’Ivoire a ses problèmes, le Mali, le Burkina, on n’en parle pas. Il y a de sérieux problèmes dans la sous-région. C’est pourquoi les dirigeants de la Cedeao, jusque maintenant, n’ont pas pu élever le ton vis-à-vis des autorités militaires au Mali, au Burkina et en Guinée. Pour moi, tout ce que je peux dire : Que Dieu nous aide à sortir encore une fois de cette situation.

Quel appel lanceriez-vous à vos collègues ?

L’appel que je lance à la classe politique, il faut qu’on s’entende. Mais tant qu’on peut utiliser certains contre les autres, c’est diviser pour régner. Tout pouvoir, c’est ce qui l’arrange. Tout commence par ça.

Sortir les chars de combats dans la rue porte atteinte à l’image de notre pays. En voyant ça de l’extérieur donne l’impression que nous sommes un pays en guerre. Ce n’est pas bon. Aujourd’hui, les médias aussi sont menacés. Depuis plusieurs jours, WhatsApp ne marche, les réseaux sociaux sont restreints. Honnêtement, j’ai peur pour mon pays.

Est-ce qu’à date les contrôles judiciaires qui pèsent sur les acteurs ont été levés ?

Non, ça n’a pas été levé. Je disais à mes frères des forces vives qu’à un moment donné, il fallait sursoir aux manifestations. Le Gouvernement a accepté deux points : libérer Foniké Mengué et ses camarades, lever les contrôles judiciaires. Mais entretemps, ils ont appelé encore les gens à descendre dans la rue. Est-ce que ce n’est pas ce qui fait que les contrôles judiciaires tardent à être levés ?

C’est pourquoi je disais à mon ami Cellou que normalement, il devrait beaucoup réfléchir. Parce qu’en dehors de moi, deux de mes cadres de l’UDG, tout le reste des gens concernés par ces contrôles judiciaires c’est à son niveau. Ce sont des cadres de l’UFDG et de l’ANAD. A un moment donné, il faut analyser tous les paramètres avant d’agir. Je pensais qu’avec ce début de déblocage, ils allaient repousser les marches pour au moins que les deux points sur lesquels le Gouvernement a accepté de fléchir soient définitivement réglés. Mais vu qu’ils ont bravé l’interdiction, peut-être que c’est ce qui a ralenti le processus. Je crois que des fois, il faut reculer pour mieux sauter. C’est important.

A suivre…

Entretien réalisé par Diallo Boubacar1

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 19 mai 2023 16:25

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