Maguette Mbodj : « Nous risquons des crises plus graves au Sénégal si Macky décide d’écarter Sonko…»

CONAKRY-La décision de Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat continue d’être commentée. Si certains s’enthousiasment sur fond de soulagement, dans le camp de Ousmane Sonko, ce n’est pas le cas. Maguette Mbodj représentant du PASTEF, parti de Ousmane Sonko en République Guinée, craint de nouvelles crises dans son pays. Il a répondu aux questions d’un journaliste d’Africaguinee.com.

AFRICAGUINEE.COM : Le président Macky Sall a annoncé qu’il ne va pas se présenter à l’élection Présidentielle de février 2024. Comment réagissez-vous face à cette annonce ?

MAGUETTE MBODJ :  Le président Macky Sall a renoncé à se présenter à un troisième mandat illégal. Parce que la constitution sénégalaise est claire : Nul ne peut faire deux mandats successifs. Il a renoncé parce qu’il a vu que ce n’était pas possible. Il a tenté, il a mis combien de mois pour l’annoncer alors que c’était tellement évident. Il fallait tout simplement l’annoncer depuis et ne pas attendre que cette question engendre tant de troubles, tant de morts, tant de division au sein de la classe politique sénégalaise. Le Sénégal aujourd’hui est un peuple divisé à cause de ce flou qu’il a entretenu tout ce temps.

La mouvance, le gouvernement ont tous crié sur tous les toits qu’ils veulent que Macky Sall fasse un troisième mandat et lui, il n’a jamais levé le petit doigt pour leur dire non. Ce qui fait que le Sénégal est resté dans une crise qui s’est exacerbée en 2021. Donc, de 2021 à 2023 aujourd’hui, on va totaliser quelques 40 morts ou 45 morts tout simplement à cause des manifestations. Parce que le pouvoir de Macky Sall c’est un pouvoir très violent. On dit particulièrement que le parti PASTEF, est un parti violent, mais c’est un gouvernement assez violent que nous avons. Parce que dans un pays qui a de vieilles traditions comme le Sénégal, lorsque vous manifestez, les forces de l’ordre vous tirent dessus, on rafle les gens, c’est déplorable. Aujourd’hui, il y a plus de 700 sénégalais dans les geôles au Sénégal parce que tout simplement on les a raflés dans la rue. La problématique, c’est que la plupart aussi appartiennent au parti Pastef.

Mais mieux vaut tard que jamais, cette annonce a apaisé un peu l’équilibre politique. Mais ce n’est qu’une partie remise parce que le problème, c’est cette sélection des candidats, c’est cette volonté d’éliminer Ousmane Sonko. Aujourd’hui, bien qu’il ait renoncé à se présenter à une troisième candidature, il est décidé à éliminer définitivement Ousmane Sonko, ça c’est une vérité. Ce qui fait que nous risquons aussi d’aller dans de moments de crises beaucoup plus graves que ce que nous avons vécu tout dernièrement.

Sa décision a tout de même été saluée partout. Ne pensez-vous pas qu’il vient encore une fois sauver la démocratie au Sénégal ?

Macky Sall depuis qu’il est pouvoir, il a instrumentalisé la justice, éliminé tous les gens qui ne pensent pas comme lui ou bien qui sont des opposants. Ça s’est fait avec Khalifa Sall, ça s’est fait avec Karim Wade, ça s’est fait avec Ousmane Sonko. Cette histoire de viol qui a tenu en haleine le peuple sénégalais pendant trois ans, au finish les juges ne reconnaissent pas ce viol. Mais, il ne faut pas le lâcher, qu’est-ce qu’il faut mettre à la place ? Corruption de la jeunesse.

Pour ça, on lui colle deux ans de prisons par contumace. Est-ce que vous pensez que quelqu’un qui est dans les mains des forces de l’ordre on peut le juger par contumace ? La contumace, c’est contre quelqu’un qu’on ne voit pas ou qui a disparu. Ce qui fait que ce jugement est vide. Pourquoi le maintenir dans les liens de la culpabilité si ce n’est pas la seule volonté de Macky Sall ?

Avez-vous espoir que votre leader sera de la course de février 2024 ?

Ce n’est pas une histoire d’espoir, c’est légal, Ousmane Sonko doit être candidat, il est candidat selon la loi. S’il n’est pas candidat, c’est par la volonté de Macky Sall. Il a décidé de ne pas être candidat, mais il faut éliminer Ousmane Sonko parce que pour eux, c’est un danger.

Quel regard portez-vous sur le dialogue qui vient de prendre fin sous les auspices du Chef de l’Etat et que votre coalition a boudé ?

Quand le leader d’un parti est à résidence surveillée, la plupart du staff en prison, plus 700 militants du parti en prison et vous appelez au dialogue. De quoi on va dialoguer ? En plus, le dialogue sans termes de références. Mais, tous ceux qui sont allés à dialogue, ce sont des gens périmés qui ne peuvent pas décider de l’avenir du Sénégal. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas un dialogue, c’est un deal.

Votre dernier message ?

Je m’adresse d’abord à mes compatriotes sénégalais qui sont là. Nous devons former un bloc nous qui sommes en Guinée. Macky n’est pas candidat aux élections, mais tout le monde doit se mobiliser pour que Macky organise des élections inclusives auxquelles prendront part tous les leaders sénégalais ou simples citoyens qui désirent être candidats et qui sont éligibles. Le jeu doit être ouvert. Ce qui reste à venir dans ces jours-ci, vous voyez que c’est dure, nous en avons l’habitude.

Mais, je laisse ces quelques mots : Le Pastef ne se laissera pas distraire, il doit être uni parce l’objectif de Macky Sall aujourd’hui et de ses alliés, ils ne peuvent pas dissoudre le parti, mais ils peuvent le diviser. Ousmane Sonko a un délit de popularité. On n’a jamais vu dans l’histoire politique récente du Sénégal un leader aussi populaire que Ousmane Sonko.

Entretien réalisé par Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 6 juillet 2023 11:22

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