Kabinet Bayo, entrepreneur et migrant retourné : « Depuis l’Algérie, j’ai compris que l’on peut réussir chez soi… »

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La région administrative de Kankan comme partout dans le pays est une localité où des centaines de milliers de jeunes prennent les routes de l’occident. Ces jeunes pour la plupart alphabétisés ou non, avancent comme alibis le manque d’emploi et des conditions de vie assez dérisoires dans le pays. La majorité de ces candidats optent pour la migration irrégulière avec toutes les conséquences.

Ils sont nombreux ceux qui abandonnent leurs activités économiques, parents, épouses et époux etc… pour le périlleux parcours avec toutes les embuches qui les attendent.

Diplômé en informatique et électronicien, ce jeune qui est natif de la ville de Kankan a décidément choisi la route de la Méditerranée pour dit-il, avoir de l’argent afin de démarrer les activités de sa petite entreprise. Malheureusement, son rêve a été brisé.

Ses difficultés ont commencé en terre algérienne. Discrimination, mendicité, injures, famine ont été son quotidien. Après de long moment dans cet état et ne sachant plus à quel saint se vouer, le jeune homme a finalement opté pour le retour volontaire en Guinée. Finalement, il a regagné sa terre natale et repris son petit métier qu’il avait pourtant abandonné.

Marié et père de trois filles, l'homme dont l’âge avoisinerait la trentaine retrouve petit à petit le sourire aux lèvres. Entouré de ses apprentis six (6), il n’a plus envie de partir en Europe.

« C'était un manque de moyens qui m'a poussé à partir en aventure. Lorsque j'ai fini mes études universitaires, j'ai ouvert un atelier au sein duquel je faisais la réparation des ordinateurs et tant d'autres. Mais par la suite, je me suis rendu compte que je manquais de matériels et de financement pour faire avancer mon travail comme je le voulais. Puis que je n’avais vraiment d’autres choix avec les moyens de la famille qui restent largement limité, je me suis rendus compte que la seule porte pour atteindre mon objectif était de me rendre en Europe », a-t-il expliqué.

Sur le chemin de la méditerranée, Kabinet dit avoir vécu des atrocités qu’il a encore du mal à raconter.

« Sur la route de l’aventure, on a eu beaucoup de problèmes, les corps habillés nous ont beaucoup fatigués. Même si vous avez des pièces sur vous, ils vont vous obliger à payer de l'argent. Aussi, au Niger et en Lybie, nous avons fait face aux rebelles qui nous ont pris tout ce qu'on avait », déclare-t-il avant de continuer en ces termes : « Au bord de la mer également, on a fait près d'un mois sans aucun manger suffisant. Finalement, j'ai commencé à réfléchir sur comment trouver les voies et moyens pour un retour au pays. Mais depuis l'Algérie, j'ai compris que l'on peut bien réussir chez soi avec le soutien et le courage. Un noir ne gagnait jamais le même salaire qu'un Arabe. Pourtant l'on ne pouvait pas comparer la détermination, le travail des noirs lors des travaux. C'est pourquoi je dirai que c'est mieux de travailler chez soi lorsqu'on a un peu d’argent », explique-t-il.

Dès son retour, le jeune homme a aussitôt bénéficié de l’aide à la réintégration grâce à un projet mis en œuvre dans le cadre de l'initiative conjointe de FFUE-OIM. Aujourd’hui, il vit son rêve entouré des siens.

« Aujourd'hui, je ne peux que dire Dieu merci. Grâce à l'appui de cette Institution, je suis en train de poursuivre mon rêve sans aucune difficulté. J'ai bénéficié des matériels après ma réintégration, ce qui me permet de payer tous mes apprentis et m’occuper bien de ma petite famille. Je parviens actuellement à satisfaire plusieurs besoins de mes parents et de ma petite famille, quand j’étais en exil, rien de tout cela n’était possible. Avec cet appui, j’ai d’autres initiatives ».

Désormais, Kabinet pense surtout à agrandir son entreprise et créer les opportunités de formation pour d’autres jeunes.

« On a appris des choses pour servir notre pays, nous sommes sur cette voie et notre plus grand souci est de jouer notre partition dans le cadre du développement de la Guinée. Nous sommes actuellement en train de voir comment élargir nos champs d’actions au niveau régional, on a déjà fait des prises de contact avec les jeunes assez responsables de plusieurs localités et beaucoup ont donné leurs oui à nos souhaits et les jours et mois qui suivent, nous voulons nous déployer sur le terrain pour passer à la vitesse supérieure.

Les ambitions ne nous manque guère et nous avons d’autres initiatives liées aux activités de sensibilisation des jeunes sur ce qui pourrait leur permettre à coup sûr de décrocher le travail au lendemain de leur cursus, c’est par exemple celui lié à l’importance des écoles professionnelles pour les jeunes, on a été dans les autres pays et on a vu l’importance de la formation professionnelle dans le cadre du développement de leur pays, alors, nous voulons que nos jeunes gens s’intéressent à ces entités qui sont pour l’heure très abandonnée ».

Pour finir, notre interlocuteur invite les jeunes guinéens à croire à leurs immenses talents et à entreprendre sur place, car aller et tenter de réussir de l’autre côté est un risque dont on ne sait jamais la suite.

« Les gens doivent savoir que l’on peut tout avoir ici sans souffrir comme si c’était en occident ou chez les arabes. Là-bas, il n’y a pas de social, pas d’aide, ni de secours et le noir est relégué au plus bas de l’échelon. On peut bien partir apprendre à l’occident et revenir servir son pays car aucun peuple ne peut vivre à vase close, mais éviter les routes de la migration irrégulière pour ne pas vivre les mêmes réalités ou pire que nous, croyons à nos talents et travaillons ici pour notre propre bonheur ».

Il faut rappeler que comme Kabinet, plusieurs migrants de retour qui sont appuyés par l’organisation internationale pour les migrations s’estiment d’autant très heureux car, pour la majorité d’entre eux, on est mieux que chez soi.

 

Martine Koumba LENO

Créé le 22 septembre 2021 13:57

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