Gaz et bauxite : Sonko pose les jalons d’un partenariat stratégique entre le Sénégal et la Guinée

CONAKRY – En visite officielle à Conakry, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a prononcé un discours appelant à une ‘‘coopération renouvelée’’ entre le Sénégal et la Guinée.
Dans son allocution, il a souligné que son déplacement à Conakry s’inscrit dans une volonté d’approfondir les liens séculaires qui unissent les deux peuples.
Selon lui, il s’agit désormais de poser les jalons d’une ambition plus vaste : faire du tandem Guinée–Sénégal un véritable levier d’intégration régionale et de développement partagé.

« Je suis venu aujourd’hui pour qu’ensemble, nous puissions catapulter cette relation, lui faire prendre son envol », a déclaré Ousmane Sonko devant la presse, se félicitant de la solidité des liens existants entre les deux pays. Il a souligné que ces relations sont d’abord portées par le peuple, à travers les flux humains, économiques et culturels qui traversent librement les frontières.

Dans un contexte mondial marqué par la montée des discours identitaires et de la xénophobie, le Premier ministre sénégalais a tenu à rappeler que les nations d’Afrique de l’Ouest partagent une histoire, une culture et un destin commun.

« Notre relation est saine, elle est solide. Comme je l’ai dit à l’entame de mon propos, elle est d’abord portée par le peuple. Il y a beaucoup de ressortissants sénégalais établis en République de Guinée, et beaucoup de Guinéens établis au Sénégal. Et de part et d’autre, ces ressortissants sont très bien traités, bien intégrés. Ils travaillent, gagnent leur vie, se marient, s’installent, achètent des maisons… Ce sont les peuples et les populations, avant tout, qui forment l’assise de cette relation », a affirmé Ousmane Sonko.

Il a exhorté à continuer de sensibiliser les populations afin de préserver cet esprit de fraternité dans un monde où les discours de repli et de rejet prennent de l’ampleur. « Dans une époque de discours d’exclusion, de xénophobie, nous devons rappeler à nos populations qu’au-delà des frontières héritées du découpage colonial, nous formons un seul et même peuple, et que nos destins sont liés », a-t-il plaidé.

Portée par les générations successives de dirigeants, cette relation bilatérale, a-t-il poursuivi, bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle impulsion grâce à l’engagement des deux chefs d’État actuels : le Président Mamadi Doumbouya et le Président Bassirou Diomaye Faye.

« Je suis venu discuter avec mon homologue sur les voies et moyens de faire un saut quantitatif et qualitatif, en mutualisant nos moyens et nos ressources, pour construire ensemble — de manière complémentaire — un développement partagé », a déclaré Ousmane Sonko, insistant sur la nécessité de traduire cette fraternité dans les politiques publiques.

En plus, le Premier ministre sénégalais dit être porteur d’une vision : celle de transformer cette relation fraternelle entre la Guinée et le Sénégal en une coopération stratégique, articulée autour de projets concrets. Il a évoqué l’exemple du gaz au Sénégal et de la bauxite en Guinée comme des ressources complémentaires pouvant générer une chaîne de valeur commune. 

Des ressources, nous en avons. Mais elles n’ont pas été gérées au mieux des intérêts de nos populations depuis les indépendances. Et pourtant, on continue d’en découvrir, par la grâce de Dieu. Malheureusement, elles ne sont toujours pas exploitées de manière optimale au bénéfice de nos États », a regretté Ousmane Sonko.

Pour le Premier ministre sénégalais, seule une approche concertée permettra de tirer le meilleur profit de ces richesses. Il cite en exemple la découverte de gaz au Sénégal et les importantes réserves de bauxite en Guinée : « La jonction entre ces deux ressources nous permettrait de créer de la valeur ajoutée, et de gagner cent fois plus que ce que nous aurions obtenu en continuant à les extraire et à les exporter à l’état brut. »

Sans trop entrer dans les détails, Ousmane Sonko a évoqué une vision stratégique conjointe en construction, portée dans la discrétion, conformément à la recommandation du président de la transition guinéenne.

« Conformément à la recommandation de Son Excellence le Président Mamadi Doumbouya — qui, après avoir béni nos travaux et nous avoir accordé sa caution, nous a recommandé d’évoluer dans la plus grande discrétion — nous avons décidé de prendre le temps de bien cuisiner le plat, pour ensuite le servir bien mûr, afin que nos peuples respectifs, de Guinée et du Sénégal, puissent en tirer pleinement profit », a-t-il indiqué.

Ousmane Sonko a également annoncé la mise en place d’un comité technique mixte chargé de traduire cette ambition en actions concrètes. « Ce comité, sur la base des orientations que nous avons définies, travaillera de manière accélérée pour poser les bases de cette nouvelle coopération, qui doit nous permettre de progresser ensemble », a-t-il souligné.

S’inspirant de modèles d’intégration réussis tels que l’Union européenne, les pays du Golfe ou les dragons asiatiques, Ousmane Sonko a lancé un appel à un sursaut régional : « L’Afrique de l’Ouest ne pourra prospérer que dans l’union. »

 « Je dis tout le temps que je ne connais pas de zone dans le monde où un pays a pu se développer alors que ses voisins sont dans l’extrême pauvreté. Les autres l’ont compris depuis longtemps. Les pays du Golfe sont montés ensemble. Ils étaient dans les profondeurs ensemble.

Les pays de l’Europe l’ont compris quand ils ont créé l’ancêtre de l’Union européenne autour du charbon et de l’acier. Après s’être livrés une guerre extrêmement meurtrière, ils ont mis de côté toutes leurs divergences pour se retrouver autour de l’essentiel. Les pays d’Asie l’ont compris. Quand on parle de dragons asiatiques, ce sont tous les pays qui sont montés en même temps.

La Guinée ne partira pas loin — en tout cas, pas sans le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, le Mali, ni sans tous les autres pays. Mais le Sénégal n’ira pas non plus très loin sans la Mauritanie, la Guinée et les autres.

Il nous faut dépasser ce qui semble être des contradictions mais qui n’en sont pas. Les enjeux que nous devons avoir devant nous sont bien plus importants que les divergences, qui relèvent beaucoup plus de clichés ou de malentendus que de réalités.

Je suis très ravi, très réjoui d’être là, et je repars satisfait, en étant conscient qu’aujourd’hui, nous avons semé la graine d’une coopération renouvelée, mais surtout d’une coopération qui va nous permettre, tous ensemble, d’accélérer notre développement et d’offrir à nos populations un mieux-être, une meilleure offre en biens et services publics », a insisté le Premier ministre sénégalais.

La visite du Premier ministre de la République du Sénégal en Guinée a été une occasion de raffermir les relations entre les deux gouvernements, mais surtout entre les deux peuples, liés par des échanges circulaires qui existent depuis très longtemps, a souligné le chef du gouvernement guinéen.

« Le Sénégal et la Guinée, comme vous le savez, ont connu des évolutions parfois différentes, mais cela n’a jamais entaché la convergence des aspirations des deux peuples. Aujourd’hui, il nous appartient, en tant que responsables, dans le cadre de la gestion de nos pays respectifs, d’apporter des réponses concrètes à la nécessité absolue de relever les défis du sous-développement, ainsi que ceux liés à une population majoritairement jeune. Cette jeunesse attend énormément des gouvernants, d’où la nécessité d’innover, de réfléchir et de s’inspirer des meilleurs exemples à travers le monde, pour que, dans cet espace sous-régional, nous puissions créer des dynamiques favorisant l’émergence d’un pôle de stabilité, un pôle de développement et un pôle de fraternité, par une intégration réussie de nos économies, de nos institutions et de nos infrastructures », a déclaré Amadou Oury Bah.

 

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 2 juin 2025 20:32

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