Demande d’asile en France : la Guinée en tête des pays africains et 3ᵉ au monde

FRANCE – En 2024, la Guinée s’impose comme le premier pays africain demandeur d’asile en France, avec 11 336 requêtes enregistrées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Un chiffre qui place la République de Guinée non seulement en tête du continent, mais aussi à la troisième place mondiale, derrière l’Afghanistan (14 461 demandes) et l’Ukraine (12 031 demandes). Une situation symptomatique d’un pays marqué par une instabilité politique chronique, des tensions sociales persistantes et des violations récurrentes des droits humains.
Une hausse globale des demandes d’asile en France
Selon le rapport publié par l’OFPRA, l’année 2024 marque une nouvelle progression de la demande d’asile en France : 153 700 demandes ont été déposées, soit une hausse de 8 % par rapport à 2023. Ce regain s’explique par les tensions internationales, mais aussi par les crises politiques et sociales persistantes dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique de l’Ouest et en Ukraine.
Cas de la Guinée : entre instabilité politique et violences sociétales
Depuis le coup d’État militaire du 5 septembre 2021, la Guinée est dirigée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Sous leur règne, le rapport de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) fait état de multiples violations des droits de l’homme, parmi lesquelles : enlèvements et disparitions forcées d’acteurs sociopolitiques, assassinats, arrestations arbitraires, fermetures de médias privés…
« Cette rupture institutionnelle a durablement bouleversé le paysage politique et exacerbé les tensions sociales, poussant de nombreux Guinéens à chercher refuge à l’étranger », souligne le document consulté par Africaguinee.com.
Alors que les militants du principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), étaient auparavant les principaux demandeurs d’asile pour des raisons politiques, la tendance a nettement évolué ces dernières années, selon les observations de l’OFPRA.
Les nouvelles demandes d’asile guinéennes invoquent désormais un blocage plus global du processus démocratique par le CNRD, ainsi qu’une répression accrue des voix dissidentes.
Violences de genre et motifs familiaux en hausse
Outre les raisons politiques, les demandes d’asiles guinéennes font de plus en plus apparaître des motifs liés à la condition des femmes. Mariages forcés, mutilations génitales féminines, violences domestiques : autant de violences systémiques que dénoncent les requérantes guinéennes. Ces dossiers, souvent portés par de jeunes femmes ou des mères célibataires, traduisent une détresse sociale profonde dans les zones rurales comme urbaines.
Autre évolution marquante, c’est la multiplication des demandes liées à des enfants nés en France hors mariage. Ces situations familiales complexes, souvent mal acceptées dans la société guinéenne, sont à l’origine de craintes de représailles ou d’exclusion à un éventuel retour.
Orientation sexuelle, genre, religion : des cas encore marginaux en Guinée
Bien que minoritaires, les demandes fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou encore la religion sont aussi présentes dans les dossiers guinéens selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Ces requêtes, plus rares, n’en sont pas moins révélatrices d’un climat d’intolérance envers les minorités au sein du pays.
La Guinée, reflet d’un exode africain plus large
Avec 11 336 demandes d’asiles recensées, la Guinée devance nettement la République démocratique du Congo avec 10 331 demandes et la Côte d’Ivoire avec 9 782 parmi les pays africains.
À eux seuls, ces trois pays concentrent près de la moitié des 66 445 demandes africaines déposées en France en 2024. Une réalité qui interroge sur l’avenir démocratique du continent et l’efficacité des politiques nationales en matière de droits humains.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : 00224 666 134 023
Créé le 22 juin 2025 19:58
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