CRIEF/L’ex députée Zeinab Camara parle : « Lorsque feu Lonsény a accusé le Président d’avoir détourné les 15 milliards… »

CONAKRY- L’ancienne députée Zeinab Camara alias « Zé Pharell » a comparu ce lundi 5 juin 2023, devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Elle est accusée de détournement présumé de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux portant sur 15 milliards de francs guinéens. Sous la neuvième législature, elle était la deuxième questeure du Parlement. Madame Camara a comme coaccusés dans ce dossier, Michel Kamano (premier questeur) et Amadou Damaro Camara, ancien Président de l’Assemblée Nationale.

C’est une femme, sereine, s’exprimant aisément qui a comparu devant le juge Francis Kova Zoumanigui. A la barre, elle a rejeté les charges articulées à son encontre. Lunettes claires bien vissées, foulard à la tête, la prévenue affirme que dans le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, le rôle de la deuxième questure n’est pas clairement défini. Elle jure n’avoir jamais été associée à la gestion de la trésorerie de la défunte Assemblée Nationale.

« Lorsque vous regardez le règlement intérieur de l’assemblée nationale, le rôle et les prérogatives du deuxième questeur n’est pas spécifié. Ce n’est pas écrit. Mais lorsque je suis arrivée, peut-être, avec mon dynamisme et mon envie de pouvoir innover, j’ai essayé d’imposer une certaine dynamique à la deuxième questure et donc me donner des rôles. C’est en ce sens que je me suis donnée le rôle de m’occuper de la gestion du matériel et du stock de l’assemblée nationale et me suis impliquée dans ce processus depuis le début de mes fonctions en tant que deuxième questeur. Sinon dans les textes vous ne verrez nulle part le rôle du deuxième questeur. On parle soit du premier questeur ou de la questure« ,

Parlant des quinze milliards Gnf, quote-part de la Guinée dans la construction du siège de l’Assemblée Nationale, elle rappelle qu’il y avait eu une première tentative de dénonciation. « Feu l’honorable Lonsény Camara a accusé à un moment le président de l’Assemblée nationale (Amadou Damaro Camara) et le premier questeur (Michel Kamano) d’avoir détourné les quinze milliards, mais il s’est avéré que ce montant n’était pas encore arrivé à l’Assemblée Nationale. Certains députés et présidents de commissions avaient été interpelés à la présidence d’alors pour s’expliquer. Mais je ne faisais pas partie », a-t-elle soutenu répondant aux questions du juge.

Et de poursuivre : « Je ne faisais ni de près ni de loin partie du projet de construction de l’assemblée nationale. Et je ne saurais dire comment les 15 milliards GNF ont été utilisés. En plus, la plupart des informations que j’ai eues par rapport à ce projet, c’était à la Direction Centrale des Investigations Judiciaires de la Gendarmerie Nationale lorsqu’on m’a convoquée. L’argent, sa destination, les travaux… je n’avais aucune idée. Ça ne m’intéressait pas à l’époque. Je ne pourrai pas dire comment ces fonds ont été utilisés. Mais nous avions eu l’information que les 15 milliards GNF sont arrivés pour les travaux, l’information est passée en réunion du bureau et en plénière mais avoir les détails de la dépense, non. Les 15 milliards GNF sont arrivés je pense en août 2021, quelques semaines avant le changement du régime (coup d’Etat du 5 septembre 2021 ndlr) », a-t-elle indiqué.

La prévenue est également accusée d’enrichissement illicite et de mener un train de vie qui ne colle pas avec ses revenus. Mise en demeure de justifier ses revenus, elle n’aurait pas été capable, selon l’accusation qu’elle a balayée. Madame Zeinab Camara affirme que quand elle était étudiante à Londres, elle avait des revenus qui lui avaient permis d’acheter une maison là-bas. Mieux, quand elle est rentrée en Guinée elle a travaillé pour une compagnie minière pendant des années où elle percevait un salaire de 50 millions de francs guinéens. C’est dans ces circonstances qu’elle a rejoint l’administration d’abord en tant contractuelle où elle gagnait un salaire de huit millions GNF. Une broutille par rapport à ce qu’elle gagnait dans le privé, mais l’ex députée dit être animée d’une volonté de servir son pays. Parlant de ses biens, elle déclare :

« J’ai un duplex inachevé à Lambangni (un quartier de la banlieue nord de Conakry, dans la commune de Ratoma ndlr) acquis en 2015, deux (2) terrains à Boffa, un terrain acquis en 2019 dont le dernier a été acquis en 2020 et une plantation de trois hectares à Boffa (à Guéméyiré). Les revenus que je percevais à l’assemblée nationale, la plupart partaient pour payer les assistants que j’avais personnellement recrutés, une autre partie allait dans des actions humanitaires à Boffa et de soutien des causes des militants politiques et de la population de Boffa, (ville où elle était la députée uninominale) », a-t-elle expliqué.

L’affaire a été renvoyée au jeudi 08 juin 2023.

Nous y reviendrons !

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com 

Créé le 5 juin 2023 20:22

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