Chérif Abdallah révèle : »Pourquoi les prix des denrées n’ont pas baissé… »

Mohamed Chérif Abdallah, président du GOHA

CONAKRY-Pourquoi les prix des denrées alimentaires n’ont-ils pas baissé sur le marché alors que le prix du carburant a été revue à la baisse ? Comment les opérateurs économiques ont-ils accueilli l’ouverture des enquêtes sur les crimes commis entre 2010 et 2021 en Guinée ? La « lune de miel » entre les hommes d’affaires et le CNRD est-elle terminée ? Mohamed Chérif Abdallah, président du groupe organisé des hommes d’affaires (GOHA), a brisé le silence. Dans cet entretien, l’hommes d’affaires interpelle le CNRD et son président Colonel Mamadi Doumbouya.

AFRICAGUINEE.COM : Comment réagissez-vous à l’ouverture des enquêtes sur les crimes commis entre 2010 et 2021 en Guinée ?

MOHAMED CHERIF ABDALLAH : Nous avons écouté le communiqué du procureur par rapport à cette situation des crimes commis entre 2010 et 2021 dans le pays.  Nous allons nous rapprocher du parquet pour comprendre réellement le fond. Parce que les dossiers que nous avons avec nous, certaines victimes sont décédées, d’autres sont en déplacement, mais il y en a qui sont là et qui sont d’ailleurs venues me voir dans ce cadre. Donc, nous allons essayer de voir ça et remobiliser les gens.

Combien de victimes avez-vous enregistré au sein du GOHA durant toutes ces années ?

On a les victimes de 2007, de 2012, 2013, 2015… bref les victimes des différentes destructions de biens enregistrées surtout pendant les évènements politiques ces quinze dernières années. Nous avons presque tous les dossiers.

Quel est le nombre des victimes ? Et à combien se chiffrent les pertes ?

Pour les dossiers que nous détenons, nous étions aux alentours de 220 milliards de francs guinéens avec plus de 1600 opérateurs économiques victimes. Après ça, il y a eu beaucoup de destructions que nous avons estimé à près de 2000 victimes pour environ 300 milliards de pertes.  Mais le dossier que nous avons en main, c’est aux alentours de 220 milliards de francs guinéens pour 1600 victimes.

Comptez-vous défendre cette liste devant les juridictions ?

Bien sûr ! Parce que c’est cette liste que nous détenons, et c’est cette liste que nous comptons éventuellement déposer, mais on ne va pas le faire sans se concerter avec ces victimes. On ne va pas le faire sans consulter nos conseillers (avocats). Mais en attendant, moi-même je vais rencontrer le procureur, discuter avec lui. A défaut, nos conseillers vont le faire en notre nom. Et après, on contactera les opérateurs économiques victimes de destructions de leurs biens.

 Quelles sont vos attentes par rapport à ces procédures judiciaires ?

Nous avons réclamé justice depuis toutes ces dernières années. Nous attendions ce moment depuis longtemps. Tout notre espoir ce que ces victimes soient dédommagées, et aussi, que ceux qui ont détruit soient identifiés, arrêtés et puis jugés conformément à la loi en vigueur. C’est ce que nous espérons. Parce que qui parle d’investissement dans un pays, s’il n’y a pas de justice, il ne faut pas s’y pas attendre à un développement. Nous comptons sur ces nouvelles autorités, parce que si la justice arrive à jouer pleinement son rôle, les opérateurs peuvent compter sur elle, il y aura forcément un bon environnement des affaires dans le pays.

Revenons un peu sur ces nouvelles autorités, l’on se souvient de vos déclarations lors des concertations nationales initiées par le CNRD au mois de septembre 2021 où vous aviez invité les commerçants à baisser les prix des denrées de première nécessité. Cet appel, aux yeux de certains opérateurs, semble n’avoir pas été entendu. Parlez-nous en ?  

Mon souhait est que cet appel soit entendu parce que nous sommes tous des guinéens. Nous ne voulons pas que les choses coûtent chères pour la population guinéenne. Au-delà d’être opérateur économique, nous sommes des consommateurs comme les autres. Mais soyez sûrs et certains, nous sommes sur le terrain en train de travailler sérieusement pour parvenir à un résultat. Et nous y arriverons, incha Allah (si Dieu le veut bien).

Malgré la réduction du prix du carburant à la pompe, les prix n’ont toujours pas connu une baisse. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

C’est vrai qu’il y a eu la réduction du prix du carburant, mais il ne faut pas oublier non plus que là où ces commerçants partent chercher la marchandise, la location des prix de conteneurs a été augmentée. Des conteneurs que les gens louaient à 2500 dollars, les prix ont augmenté jusqu’à 7000 voire 7500 dollars, donc ça doublé et triplé par endroits.  Ce qui fait que ces prix restent toujours maintenus. On diminue chez nous certes avec le carburant, mais de l’autre côté, c’est des choses qu’on ne maitrise pas. Parce qu’au niveau international, il y a une rupture de conteneurs, ce qui fait que les opérateurs économiques souffrent énormément à cause de cette crise. Certains commandent des marchandises et n’arrivent même pas à trouver de conteneurs.  Cette rupture, c’est au niveau international, ce n’est pas que la Guinée seulement.

Certains citoyens pensent que si les opérateurs n’ont pas baissé les prix, c’est parce que d’une part, le CNRD a pris des décisions qui sont jugées impopulaires et qui ne seraient pas de nature à rassurer les opérateurs économiques sur la stabilité du pays. Qu’en dites-vous ?

Mon souhait est que le CNRD réussisse cette transition. Depuis la prise du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya j’ai toujours travaillé pour la réussite de cette transition. Après la prise du pouvoir le 5 septembre 2021, je faisais partie des premiers guinéens à avoir fait une déclaration pour leur apporter mon soutien. Sur des médias sénégalais, je suis intervenu un peu partout pour saluer l’arrivée du CNRD au pouvoir. Parce que ce qu’ils ont opéré le dimanche 5 septembre est un coup de paix. Je souhaite qu’ils réussissent cette transition.

Maintenant, le CNRD doit aussi écouter nos conseils. Il doit nous rencontrer parce que nous sommes tous fils de ce pays et on doit travailler pour l’intérêt de notre pays. Le CNRD ne doit pas évoluer seul sans nous écouter, ils (membres du cnrd) ont le devoir de nous écouter et nous aussi, avons le devoir de travailler pour l’intérêt du pays. Ce n’est pas le CNRD à côté et nous autres aussi à côté. On doit travailler ensemble, c’est ce que je vais les conseiller, et surtout leur dire de ne pas écouter les personnes qui cherchent à diviser les guinéens, qu’ils s’éloignent de ceux-ci. Celui qui vient pour vous dire tel est mauvais, tel autre n’est pas bon, on se connait très bien dans ce pays. Chacun sait ce que l’autre est capable de faire. Dans ce pays, dès que tu dis la vérité on dit que tu es opposant. Or, nous sommes opposés à l’injustice, à l’arbitraire, l’ethnocentrisme et la division. On doit bannir ça en République de Guinée. Nous devons travailler pour que ce pays soit uni et prospère. Ceux qui veulent nous diviser, que Dieu les éloigne de nous.

Voulez-vous dire qu’il n’y a pas de divorce entre le CNRD et les opérateurs économiques ?

Ce que je peux dire, tous les opérateurs que nous nous maitrisons, notre souhait est que le CNRD travaille convenablement avec nous. Nous souhaitons qu’on travaille ensemble pour que cette transition réussisse dans la paix. Rien n’est encore perdu, le CNRD doit nous écouter, et nous devons travailler ensemble.

Mais j’attire leur attention sur la chambre de commerce. Si on essaie de reconduire les mêmes personnes pour répéter la même chose depuis l’antiquité, rien ne bougera, et ils n’auront pas un interlocuteur au sein de la chambre de commerce parce que ceux qui cherchent à être ou ceux qui sont là nous ne leur faisons pas confiance et il y a des doutes sérieux dans cette chambre parce que les centimes additionnels ont été certainement détournés. C’est le GOHA qui a souffert avec tous les commerçants, nous les avons supportés durant toutes ces années en les identifiant et aidant d’autres.

La chambre de commerce n’a jamais contribué même pour un seul franc. Au lieu de nous aider, ils sont là en train de nous diffamer et chercher à gâter ce que nous faisons dans ce pays pour la paix et le développement. Aujourd’hui le GOHA est devenue une organisation internationale, parce qu’ayant été agréée dans plusieurs pays au niveau international.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114   

Créé le 1 février 2022 16:17

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