Charles Zimmermann, Directeur mondial des Projets Rio Tinto : « Nous sommes là pour faire avancer Simandou…»

CONAKRY- Rio Tinto s’active dans la mise œuvre du projet Simandou. Acteur majeur dans le développement de ce méga projet qui nécessite un investissement de 15 milliards de dollars, le géant anglo-australien met les bouchées doubles pour réussir cet autre défi.


Dans le but de mieux informer sur l’évolution du projet, la société organise deux sessions d’échanges avec quelques journalistes locaux autour du projet Simandou. Une rencontre à laquelle un journaliste d’Africaguinee.com a pris part le 25 mai dernier. Ils se sont entretenus avec Charles Zimmermann, haut cadre chez Rio Tinto, directeur mondial des projets qui a expliqué la particularité de Simandou par rapport à d’autres projets. M. Zimmerman a plus de 25 ans d’expérience dans les projets miniers de ce genre. Ses équipes s’occupent de tous les projets majeurs de Rio dans toutes ces commodités : l’aluminium, la bauxite, le cuivre, le lithium et le minerai de fer.

« Nous faisons toutes les études du projet, ce sont des études de faisabilité, il y a aussi des équipes qui s’occupent de la construction de la mine jusqu’à la production. Arrivé à cette phase, on passe le bâton aux opérations qui vont ensuite produire ces mines des décennies et même des siècles. Mes équipes s’occupent de l’architecture de ces mines une fois qu’on a trouvé un dépôt. Nous les construisons avant de passer la main aux opérations pour les exploiter. Dans le monde entier, nous avons une trentaine de projets majeurs. Un projet majeur coûte plus de 250 millions de dollars américains. Nous sommes dans 10 pays. Simandou est un énorme projet », a-t-il entamé.

Des projets comme Simandou qui nécessitent un investissement de 15 à 20 milliards de dollars sont très rares, a fait observer M. Zimmerman. Très peu de compagnies minières dans le monde sont capables d’exécuter un projet d’une telle envergure. Rio Tinto a la chance d’avoir l’expérience et l’expertise dans le minerai de fer.

« Je crois qu’on a investi plus de 50 milliards de dollars dans les minerais de fer. Donc, on a beaucoup d’expérience sur comment faire l’architecture de la mine et puis l’opérer avec efficacité pour produire le plus de minerai dans un meilleur temps possible », a-t-il rappelé.

Ce dirigeant de Rio Tinto assure que la compagnie est là pour faire avancer Simandou malgré le temps que cela a pris. C’est un projet qui peut redéfinir, transformer la Guinée, il va faire partie du patrimoine de la Guinée, pendant des décennies et des siècles.

« Nous avons la mine de Kennecott aux Etats-Unis, c’est l’une des plus gros au monde. Cette mine a été en opération pendant 100 ans. Et, quand on pense au projet Simandou, il faut voir le futur, ce que ça va rapporter à la Guinée. A Kennecott il y a plus de 5 générations qui y ont travaillé et c’est ce qui peut bien arriver à Simandou. Dans 100 ans, on aura 5 générations de Guinéens qui ont travaillé sur cette mine », explique Charles Zimmerman.

Pour lui, quand on pense au potentiel de Simandou, c’est vraiment pour développer des générations de guinéens qui vont devenir miniers. « C’est pour moi un plaisir de travailler dans des projets de cette envergure. C’est un projet phare étant donné que c’est l’un des plus grands dans le monde. Beaucoup de gens vont le regarder et parler de lui. Donc au-delà du développement économique pour le pays qui va beaucoup rapporter à l’Etat et aux Guinéens, on va employer beaucoup de jeunes, de moins jeunes pour travailler dans la mine et il y a ce patrimoine qui va rester pendant des siècles » ajoute-t-il.

Un projet qui va développer une expertise locale

Des projets majeurs de ce genre sont très difficiles. Pour les réussir, il faut de l’expérience, des moyens etc. C’est pourquoi Rio Tinto va s’engager sur l’emploi local et le développement du contenu localavec les entreprises guinéennes qui bénéficient déjà de contrats sur les chantiers de construction de la mine.

« Au-delà du capital qui est demandé pour faire Simandou, il y a des volumes énormes de terrassement. Je crois qu’on a 50 millions de mètre cubes à déplacer. Dans l’une de nos plus grosses mines de fer dans le monde, on a déplacé 23 millions de mètre cubes. Là on a deux fois plus de volumes à déplacer dans ce projet. Maintenant il y a la voie ferrée, le port, c’est un travail énorme. Il faut les meilleurs éléments de l’entreprise pour conduire ce projet », explique Charles Zimmermann.

Mobilisé les meilleurs experts du monde

A date, explique ce haut dirigeant de Rio Tinto, la compagnie est en train de mobiliser ses meilleurs experts dans le monde entier. Très prochainement, la Guinée aura une grande expertise dans le domaine avec le renforcement des capacités des employés locaux quiira crescendo. Des employés qui seront les leaders de demain.

Depuis un an, Rio Tinto a fait d’énormes progrès avec Simandou. Des accords ont été passés aux mois de décembre 2022 et mars de cette année. D’autres négociations sont en cours de finalisation.

« Nous avons confiance que nous sommes tous sur la même longueur d’ondes, nous partageons cette vision commune et les négociations sont finies sur le co-investissement, la compagnie du Trans-Guinéen qui va s’occuper de la voie ferrée, et le port sur le long du corridor », a-t-il souligné.

En un an, les effectifs de Rio Tinto ont augmenté d’une manière fulgurante. L’année dernière, l’entreprise employait 100 personnes. Aujourd’hui, elle compte 600 employés directs et ce nombre devrait doubler d’ici la fin de l’année. Elle a aussi mobilisé des sous-traitants qui compte aujourd’hui dans leurs effectifs 2 400 ouvriers sur place, en train de travailler le long des rails.

« On commence la construction des camps. On a un autre grand camp qui est à la mine et très rapidement nous allons commencer le terrassement, le défrichement. Nous avons signé des contrats avec des grandes entreprises dont certaines sont guinéennes, d’autres internationales pour commencer les travaux le long de la voie ferrée. La mobilisation est faite, on attend juste l’autorisation de commencer le défrichement. ça va commencer d’ici un mois ou deux semaines », a expliqué M. Zimmermann qui précise que plus de 500 camions et véhicules de construction ont déjà été mobilisés en Guinée.

« Cette phase est très importante. Sur les 600 employés on est à plus de 90% de Guinéens. Ce qui est extraordinaire. Moi, dans mon expérience, en Angola, c’était 50% d’employés locaux. Tout le reste c’étaient des ouvriers des autres pays qui venaient travailler. Alors, obtenir 90%, c’est extraordinaire surtout qu’on a besoin de beaucoup de jeunes. On continue à monter nos effectifs. Quand on va commencer le terrassement de la mine, on va ajouter encore presque 6 000 employés, ça c’est d’ici dans les trois prochains mois.  On va recruter tous ces gens.En Mongolie, on a 13 000 employés sur le site mais ici on va avoir beaucoup plus d’employés. C’est une grande opportunité », précise Charles Zimmermann.

Pourquoi le projet Simandou doit réussir

« Il est très important pour moi que Simandou soit une réussite dès le départ. Parce que j’aimerais que ça soit un projet phare non seulement pour la Guinée, l’Afrique, mais aussi un projet phare dans l’industrie minière pour que les gens prennent Simandou comme l’exemple à suivre pour faire des projets majeurs dans le futur. J’aimerais former des jeunes qui deviendront experts dans la constructionde projets qu’on va pouvoir ensuite exporter dans d’autres pays pour montrer aux autres comment faire des projets difficiles.

Charles Zimmermann

Aujourd’hui nous avons tous les éléments pour être en réussite sur ce projet. Nous commençons l’exécution, on a déjà des camps, près de 700 chambres, on va en rajouter mille. On a déjà le camp de Canga, celui qui était là depuis. On va le moderniser pour que nos ouvriers soient hébergés dans les meilleures conditions. Les choses bougent c’est la raison pour laquelle je suis là.

Simandou représente pour moi le futur patrimoine du pays, c’est un projet qui va transformer la Guinée mais aussi Rio par son importance. Ce sont des projets très difficiles à réaliser, nous sommes au milieu de la forêt en haut d’une montagne. Il faut rappeler que ce sont des Guinéens qui vont faire cette mine. La fierté des Guinéens une fois qu’elle sera construite c’est quelque chose d’irremplaçable. Une fois qu’on aura fini de construire cette mine, le pays en sera très fier. C’est un minerai de fer de qualité exceptionnelle qui va aider à décarboniser la planète », assure-t-il.

Projet le plus rapide au monde

« A date, nous sommes très investis. En temps normal, le timing d’exécution d’un projet de cet envergure dure entre trois et cinq ans. Le planning et les attentes sur Simandou, c’est de livrer un projet qui est le plus gros dans le monde entier mais qui va être le plus rapide dans l’histoire de la mine. Si on arrive à dérouler ce planning-là, on aura construit la mine de fer la plus rapide dans le monde. C’est un énorme défi, mais c’est faisable », a expliqué M. Charles ZZimmermann.

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 26 mai 2023 14:50

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