Cellou Baldé : «On ne pouvait pas imaginer qu’on allait revivre ce cauchemar sous l’ère du CNRD…»

Cellou Baldé

CONAKRY-La justice guinéenne a pris une ordonnance de mainlevée du contrôle judiciaire imposé à neufs dirigeants politiques inculpés en fin octobre 2022 pour des faits de « destruction de biens publics et privés, coups et blessures volontaires, participation délictueuse à un attroupement, outrage à Agent et complicité ».

Il s’agit de Etienne SOROPOGUI, Elhadj Dembo SYLLA, Elhadj Mamadou SYLLA, Bouya KONATE, Pépé Francis HABA, El hadj Mamadou Bano SOW, Fodé Oussou FOFANA, Mamadou Cellou BALDE et Diabaty DORE. Comment cette mainlevée de contrôle judiciaire est-elle perçue chez les bénéficiaires ? Traduit-elle une fin des poursuites ? Quelles conséquences ce dernier développement aura-t-il dans la suite du combat des forces vives de Guinée ? Africaguinee.com a interrogé Cellou Baldé, responsable des fédérations intérieures de l’UFDG.

AFRICAGUINEE.COM : Le doyen des Juges d’instruction du tribunal de première instance de Dixinn a ordonné la mainlevée du contrôle judiciaire qui pesait sur neuf dirigeants politiques depuis le 27 octobre. Vous en faites partie. Quelle est votre réaction ?

CELLOU BALDÉ : Nous avons appris cette décision à travers nos avocats ensuite nous avons également pris connaissance de l’ordonnance qui a été prise par le doyen des juges d’instructions du Tribunal de Première Instance de Dixinn, sur la mainlevée du contrôle judiciaire. Je rappelle que cela ne met fin à la procédure qui a été, de façon arbitraire et liberticide, intentée contre nous.  Cela nous redonne notre liberté d’aller et de venir, de pouvoir sortir du pays, de pouvoir aller à l’intérieur du pays sans pour autant demander la permission au préalable. Cela nous soulage, c’est la liberté recouvrée et retrouvée.

Mais de l’autre côté, il faut dire que c’est un sentiment de frustration et de déception dans la mesure où, en tout cas personnellement, je n’avais pas espéré revivre ces genres de situation, ces genres d’actes et d’actions liberticides après avoir passé également de façon arbitraire neuf (9) mois de détention à la Maison Centrale de Conakry sous le régime du RPG arc-en-ciel. Pour moi, revire cela après le 5 septembre 2021 (jour du coup d’Etat militaire) constitue un cauchemar.

Comment avez-vous traversé ce moment ?

Nous avons subi assez des préjudices parce que souvent le Guinéen banalise ce côté-là. On vous prend, on vous met sous contrôle judiciaire ou bien on vous fout en prison pendant un certain nombre des mois alors que vous avez une famille, vous avez un travail, vous perdez tout ça. Ensuite, les gens ne savent même pas comment votre famille est en train de vivre, les préjudices de santé que vous subissez et un beau matin on dit qu’on a mis fin à ça par des mécanismes politiques. Puis tout le monde se met à danser et à chanter alors qu’on oublie les préjudices moraux et matériels et même physiques subis par les intéressés.

Donc, c’est un sentiment de déception et de désolation. Nous ne pouvions pas imaginer qu’on allait revivre cela sous l’ère du colonel et du CNRD après toutes les déclarations que nous avons entendues le 5 septembre 2021 et les jours suivants.

Comptez-vous demander réparation par rapport aux préjudices subis ?

La procédure n’est pas terminée. Mais rassurez-vous qu’à l’issue de la procédure, nous allons justement demander réparation parce que ce sont des abus au nom de l’Etat et au nom de la puissance publique, au nom des autorités et du gouvernement.

Quelles conséquences sur la suite de vos revendications pour participer au dialogue ?

Parlant du retour ou de venir à la table des négociations, notre plateforme revendicative adressée aussi bien à la CEDEAO, au CNRD, au gouvernement de la république est claire. Nous avons posé clairement nos préalables.  Parmi ces préalables, il y a des préalables auxquels le gouvernement et le pouvoir n’ont pas accédés. C’est notamment la fin des harcèlements judiciaires contre nos leaders et puis la libération des détenus qui sont sous le joug de la CRIEF jusqu’à présent, plus d’une année sans aucun jugement alors qu’il y en a qui sont malades.

Donc, notre retour ou non à la table des négociations ce n’est pas à moi de parler de ça. L’arrêt des manifestations, ce n’est pas moi qui prends une décision. C’est seulement aux leaders des Forces Vives de Guinée qu’appartient la décision de suspendre ou non les manifestations de rues.

 Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 24 mai 2023 20:52

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