Arrêt des cours : la vie misérable des enseignants des écoles privées…

Image d'illustration

CONAKRY-Plusieurs enseignants évoluant dans le secteur privé sont confrontés à une crise sans précédent depuis la fermeture des écoles par les autorités, en raison de la propagation du Coronavirus dans le pays.

De nombreux enseignants payés à l’heure à travers les cours qu’ils dispensent dans les écoles privées tirent le diable par la queue depuis la fermeture temporaire, il y a un mois, des écoles sur toute l’étendue du territoire. Aujourd’hui  plongés dans le chômage partiel, ces enseignants ne savent plus où donner de la tête. Leur situation s’est davantage aggravée avec le confinement liée au COVID-19. Ils mènent une vie de mendiants alors que certains d’entre eux sont menacés d’expulsion par leurs concessionnaires pour non payement des loyers. Faute de salaires et n’ayant pas d’autres activités génératrices de revenues, ces enseignants n’ont d’espoir qu’avec l’aide des personnes de bonne volonté. 

Ousmane Ibayatou Bah, est professeur d’histoire et de géographie dans plusieurs écoles de la capitale Conakry. Interrogé par un journaliste de notre rédaction, cet enseignant chercheur nous a confié qu’il a un contrat qui ne lui permet pas de toucher son salaire tant qu’il ne dispense pas ses cours.

« Ma situation est très dure actuellement. Parce que personnellement je suis payé à travers les heures pointées. Cela veut dire qu’il y a une fiche d’émargement au niveau des écoles, quand tu viens donner les cours, tu pointes sur la fiche le nombre d’heures que tu as effectué et c’est le nombre d’heures là que les fondateurs vont comptabiliser et te payer à la fin de chaque mois. Et moi depuis le 19 mars je n’ai pas enseigné. Cela veut dire que je n’ai pas de salaires. Pourtant, j’ai une femme et un enfant et actuellement je n’arrive pas à supporter leurs dépenses. En plus du COVID-19, il y a maintenant le mois de Ramadan », a expliqué Ousmane Ibayatou Bah.

Il est aujourd’hui menacé d’expulsion pour non paiement de loyers de ces deux derniers mois. Il a fallu l’intervention de ses collègues enseignants qui ont plaidé sa cause auprès du propriétaire de la maison où il habite, pour qu’il obtient un moratoire jusqu’au 15 mai pour régler son problème de loyer, faute de quoi, monsieur Bah sera expulsé.

Cet enseignant soutient que sa famille vit actuellement grâce à un de ses oncles qui lui donne de l’argent des temps en temps.

« Actuellement ma famille gagne à manger grâce à un oncle qui se débrouille un peu à Madina. Quand je pars chez lui il me donne un peu d’argent et je donne ça à ma femme pour qu’elle nous prépare à manger. Les 100 mille fg qu’il m’avait donnés l’autre jour est fini donc j’attends l’aide de Dieu parce que c’est Dieu qui donne la nourriture mais franchement je me demande comment je vais m’en sortir dans cette situation. Les fondateurs nous ont fait dos. Nous demandons aux personnes de bonne volonté de nous venir en aide », a-t-il lancé.

Les enseignants qui évoluent dans le secteur privé tirent le diable par la queue actuellement, explique le vice-président de la Plateforme des Enseignants des Ecoles Privées de Guinée (PEEPG),  Elie Fara Léno.

 « La situation est pire pour nous aujourd’hui. Actuellement nous tirons le diable par la queue, c’est très dure pour nous. Et parmi les enseignants qui évoluent dans les écoles privées, il y a 60% qui ont des familles à nourrir, qui ont des charges, qui ont des locations à payer à la fin de chaque mois et tout ceci s’ajoute au mois de Ramadan. Personnellement je vis de mendicité. Il faut appeler les amis, les frères pour joindre les deux bouts. Aujourd’hui j’ai même honte d’appeler pour demander de l’aide parce que c’est trop. J’ai le sentiment d’être inutile. Chaque matin il y a des enfants qui réclament à manger, étant père de famille qu’on soit incapable de les satisfaire, c’est vraiment triste », regrette cet enseignant.

La plateforme des enseignants des écoles privées de Guinée (PEEPG) a entamé quelques démarche auprès du ministère de l’éducation nationale et l’alphabétisation pour demander qu’ils soient intégrer dans par le gouvernement dans le plan économique de riposte contre le covid-19. Ces enseignants invitent aussi le ministre Mory Sangaré d’intercéder auprès des fondateurs pour payer les payer.

« Depuis qu’on a déposé le courrier nous n’avons reçu aucune réponse. Nous avons également déposé un autre courrier au niveau de la primature mais jusqu’à présent c’est resté lettre morte. Au niveau de la primature aussi nous avons demandé au premier ministre de nous recevoir pour lui faire part de nos préoccupations et de lui rappeler qu’il nous a omis dans son plan de riposte. Dans les jours à venir également nous comptons déposer un courrier au niveau de l’association des fondateurs des écoles privées qui sont nos patrons parce que le droit est de notre côté », a indiqué M. Léno.

Le Président de l’Association des Elèves, Etudiants et Diplômés pour le Développement (AED) a invité l’Etat à résoudre ce problème. « C’est le rôle de l’Etat d’assurer tous les emplois quand nous sommes en face de ce genres des situations. C’est de rôle de l’Etat de trouver un dispositif pour soulager ou pour faire face aux difficultés que rencontrent les enseignants dans le privé  », a proposé Mouloukou Souleymane Diawara.

 

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 666 134 023

Créé le 1 mai 2020 12:37

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