Validation de la stratégie nationale d’apprentissage professionnel 2026-2030 : un tournant majeur pour l’emploi des jeunes

CONAKRY – La ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi a présidé, ce mercredi 2 juillet 2025, une importante rencontre portant sur la validation de la Stratégie Nationale d’Apprentissage Professionnel de Qualité et de son plan d’action pour la période 2026-2030. Cet événement qui s’est tenu dans un complexe hôtelier de la capitale, marque un tournant pour la professionnalisation de la main-d’œuvre guinéenne et la lutte contre le chômage des jeunes.

Le principal objectif de cette stratégie est de doter la Guinée d’un cadre solide pour professionnaliser l’apprentissage traditionnel et développer l’apprentissage par alternance au sein des entreprises, qu’elles soient du secteur privé formel ou informel.

Une approche novatrice pour toucher une large cible

Elhadj Mamadou Diallo, Directeur national de l’Emploi et de l’Entrepreneuriat, a souligné la spécificité de ce nouveau parcours de formation. « En terme clair, c’est un parcours spécifique. La spécificité ici, c’est que l’apprentissage doit pouvoir adresser des cibles non alphabétisées ou faiblement alphabétisées, issues du secteur privé mais informel aussi  (…). Les apprenants dans les CFP pourraient être concernés dans le futur, mais pour le moment c’est tout un nouveau parcours qui sera mis en place. Aujourd’hui nous avons les CAPPS qui adressent les questions de formation et d’apprentissage de courte durée. Maintenant nous avons en place la stratégie et le cadre qui vont permettre d’encadrer ce travail-là« , a indiqué ce haut cadre du ministère de l’Enseignement Technique.

Contrairement à la formation classique en salle de classe, cette stratégie privilégie une approche basée sur l’immersion professionnelle : »À la différence de la formation classique qui se fait dans les salles de classe, cette formation d’apprentissage de qualité se fait en milieu de travail, donc qui fait 80 % de formation chez le maître artisan ou dans l’entreprise, et, fait 20% de formation en entreprise et dans la salle de classe « , a-t-il souligné.

Fin de l’apprentissage à vie

L’un des apports majeurs de cette stratégie est la limitation de la durée de l’apprentissage et la reconnaissance officielle des compétences acquises. « Aujourd’hui comme vous le constatez, quelqu’un peut passer une moitié de sa vie à être apprenti… Justement ce cadre-là va éviter ça. Au lieu que tu fasses l’apprentissage toute une vie, tu vas le faire dans un délai limité, et avec des compétences attendues limitées. Au terme de cet apprentissage, le bénéficiaire va avoir un diplôme ou un certificat reconnu par l’Etat, ce qui n’est pas le cas à date« , a précisé Elhadj Mamadou Diallo.

Un engagement unanime des parties prenantes

L’atelier a réuni le secteur privé, la fédération nationale des artisans, les partenaires techniques et financiers, et les représentants des travailleurs. Tous ont salué cette initiative comme une réponse concrète aux besoins du marché de l’emploi.

Sékou Camara, représentant du secrétaire général de la CNTG, a exprimé l’urgence de la situation. « Le besoin est imminent pour les jeunes. Et cette jeunesse d’avenir, il faut mieux l’outiller pour affronter vraiment l’envergure de ce qui doit venir… », a-t-il invité.

Mamadou Cellou Souaré, représentant du patronat, a insisté sur l’importance de l’implication de tous les acteurs : « Il est extrêmement important de tenir compte de tous les acteurs afin qu’ils puissent s’impliquer dans cette stratégie. Comme vous le savez, ça ne peut pas se faire sans vraiment les vrais acteurs que nous sommes. Parce que c’est nous les employeurs, donc il est extrêmement important que nous nous impliquions afin que cette stratégie puisse vraiment aboutir à bon terme. »

Pour sa part, M. Karim Toumi, spécialiste compétences et employabilité au sein du BIT, a souligné le rôle de cette stratégie comme levier de développement : « C’est un levier essentiel pour le développement des compétences, pour la compétitivité des entreprises et également pour accompagner tous les grands chantiers de la Guinée, notamment le Simandou 2040. »

Il a également rappelé l’accompagnement du BIT, basé sur la Recommandation 208, qui vise à établir des normes internationales en matière de formation.

« Nous avons, à travers notre expertise et aussi notre approche tripartite, accompagné le Gouvernement à travers les différents ministères, mais également les partenaires sociaux et les sociétés civiles, à avoir une vision commune de l’apprentissage dans le contexte guinéen. Ceci étant, il y a eu plusieurs étapes. On a fait le diagnostic de l’apprentissage pour vraiment évaluer les points forts, les points faibles et les opportunités à développer. Puis, on a organisé un atelier de concertation, à l’issu duquel on a débattu de tous les aspects de l’apprentissage en s’alignant à la recommandation 208 du BIT« , a-t-il déclaré.

Une vision ambitieuse pour l’avenir de la jeunesse guinéenne

Dans son discours, la ministre Aminata Kaba a rappelé que cette stratégie s’inscrit dans la continuité de la première Politique Nationale de l’Emploi (PNE) validée le 10 juillet 2024, dont l’objectif est de créer un environnement propice à l’emploi décent pour tous. Elle a insisté sur les trois priorités majeures de cette nouvelle stratégie :

« Elle s’articule autour de trois priorités majeures : renforcer la gouvernance partagée, améliorer la qualité, l’accessibilité et l’inclusivité des jeunes et des femmes en particulier, valoriser l’apprentissage qu’il soit traditionnel ou la formation par la teneur en tant que voie d’excellence. »

L’objectif final est ambitieux : « Favoriser chaque année l’insertion des jeunes en impliquant de façon systémique les entreprises, les communautés, les artisans, le secteur privé et tout ce qui est fédération syndicale des professionnels », a précisé la Ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi.

Cette validation de la stratégie nationale d’apprentissage professionnel est une étape fondamentale pour la Guinée. Elle promet un avenir plus qualifié et plus inclusif pour la jeunesse, en lien direct avec les grands projets de développement du pays tels que « Simandou 2040 ».

Dansa Camara

Pour Africaguinee.com