Cancer du col de l’utérus : la Guinée prépare l’introduction du vaccin contre le VPH

CONAKRY – C’est une excellente nouvelle. La République de Guinée prévoit l’introduction, en 2026, du vaccin contre le virus du papillome humain (VPH), principal responsable du cancer du col de l’utérus.
Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique (MSHP), à travers le Programme élargi de vaccination (PEV), en collaboration avec Jhpiego/HAPPI et Gavi, a organisé ce mardi 17 juin 2025 à Conakry, un atelier d’échanges et de concertation. La rencontre a réuni les principales parties prenantes nationales impliquées dans l’introduction du vaccin contre le VPH.
L’objectif est de parvenir à une planification coordonnée et à une mise en œuvre efficace de ce vaccin dans le cadre du PEV en Guinée.
La tenue de cet atelier a été rendue possible grâce à l’appui technique et financier de Jhpiego, soutenu par le projet HAPPI, financé par la Fondation Bill & Melinda Gates et l’Alliance Gavi. Ce soutien vise à accélérer le processus de préparation et d’introduction du vaccin contre le VPH en Guinée.
Les travaux doivent aboutir à des recommandations telles que :
∙ Engagement des parties prenantes pour la mobilisation des ressources pour l’introduction du vaccin HPV dans le PEV national
∙ Renforcer la couverture géographique et qualitative du dépistage (VIA/IVL, HPV)
∙ Soutenir le programme de formation continue du personnel de santé et des relais communautaires (CERFFO PCG)
∙ Instaurer un registre national du cancer opérationnel et durable (DHIS2);
∙ Développer un centre national d’oncologie avec plateforme de diagnostic et traitement intégrés
C’est le conseiller principal du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique qui a présidé l’ouverture officielle de l’atelier. Le Dr Abdoulaye Kaba est revenu sur les dangers que représente le cancer du col de l’utérus en Guinée. Selon lui, cette pathologie fait de nombreuses victimes dans le silence.
« Nous sommes ici réunis pour une cause de santé publique majeure : la prévention du cancer du col de l’utérus. Ce cancer, évitable et pourtant meurtrier, fait trop de victimes silencieuses dans notre pays. Aujourd’hui, la science nous donne une opportunité historique : protéger nos filles, nos sœurs, contre cette maladie grâce au vaccin contre le VPH. Il ne s’agit pas seulement d’un acte médical, mais d’un acte de justice sociale et de dignité humaine.
Cet atelier nous offre l’opportunité d’aligner nos vues, de comprendre ensemble les enjeux, les défis, mais surtout les opportunités que représente l’introduction de ce vaccin, afin de guider les stratégies vers une mise en œuvre réussie », a-t-il déclaré.
Le ministère de la Santé affiche un objectif bien défini dans ce programme, précise Dr Abdoulaye Kaba :
« Notre objectif commun est clair : garantir une couverture vaccinale élevée, équitable et durable pour toutes les filles âgées de 9 à 14 ans, sans distinction de milieu, de religion ou de statut social. Nous devons agir avec méthode, mais aussi avec urgence, car chaque année qui passe sans ce vaccin est une occasion manquée de sauver des vies », a-t-il ajouté.
L’OMS salue l’engagement de la Guinée dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus
La représentante du Dr Jean-Marie Kipela, représentant de l’OMS en Guinée et chef de file des partenaires techniques et financiers du secteur de la santé, a pris la parole à l’occasion de cet atelier.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme à l’échelle mondiale. Il est causé par une infection persistante au papillomavirus humain (VPH). En 2022, quelque 660 000 nouveaux cas ont été recensés dans le monde, dont 350 000 décès, avec plus de 94 % survenus dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Pourtant, ce cancer est évitable et curable s’il est détecté à temps, a rappelé l’émissaire de Dr Kipela.
« Pour répondre à cette urgence, l’OMS a lancé en novembre 2020 la stratégie mondiale d’élimination du cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique d’ici 2030, avec une incidence cible inférieure à 4 cas pour 100 000 femmes.
C’est dans cette perspective que le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) de l’OMS, lors de sa réunion d’avril 2022, a formulé des recommandations essentielles pour élargir la couverture vaccinale des filles et des femmes contre le VPH », a rappelé Haby Dieng, administratrice nationale pour le contrôle des maladies à l’OMS Guinée.
Elle a précisé que la stratégie mondiale repose sur trois piliers fondamentaux : la vaccination, le dépistage et le traitement. L’introduction du vaccin contre le VPH dans le PEV (Programme élargi de vaccination) constitue, selon elle, un levier essentiel.
« En avril 2025, 147 pays avaient déjà intégré ce vaccin dans leurs programmes nationaux. Cela témoigne de l’adhésion mondiale croissante à cette intervention préventive », a-t-elle souligné.
Toujours selon l’OMS, en organisant cet atelier, la Guinée franchit un cap décisif dans la prévention du cancer du col de l’utérus, mais aussi dans la lutte contre d’autres cancers liés au VPH, qui affectent aussi bien les femmes que les hommes.
« Je vous invite à en tenir compte dans vos réflexions, afin de retenir les schémas de vaccination les plus efficaces et adaptés au contexte guinéen. Dans cette dynamique, je réaffirme l’engagement des partenaires techniques et financiers à accompagner la Guinée dans ce processus, en appui à la couverture sanitaire universelle et à l’atteinte des Objectifs de développement durable », a conclu Haby Dieng.
Vers une mobilisation nationale pour l’introduction du vaccin contre le VPH
Le coordonnateur du Programme national de lutte contre le cancer a, de son côté, partagé des statistiques alarmantes sur le cancer du col de l’utérus en Guinée.
« Aujourd’hui, mardi 17 juin 2025, 168e jour de l’année, 1 176 cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués, dont 840 décès. Le cancer du col est évitable et guérissable. Agir est un devoir. L’introduction du vaccin contre le VPH constitue une mesure pivot de santé publique. La réussite dépend d’une volonté politique, d’un financement soutenu et d’une mobilisation collective », a déclaré Pr Bangaly Traoré.
La directrice pays de Jhpiego, Pr Hyzazi Yolande, a quant à elle souligné l’importance de l’appui technique et financier apporté par le projet HAPPI, avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates et de Gavi, pour accompagner le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique dans ce processus.
« Cet appui ne se limite pas à l’introduction du vaccin contre le cancer du col. Il vise aussi la priorisation et l’optimisation de l’introduction d’autres vaccins essentiels dans le programme élargi de vaccination.
Cet atelier est capital pour sensibiliser toutes les parties prenantes et obtenir leur engagement. Nous espérons que les résultats de ces deux jours de travaux contribueront fortement à accélérer l’introduction du vaccin en Guinée. J’espère qu’avec une implication effective de tous les acteurs, ce projet connaîtra un aboutissement heureux, pour le plus grand bénéfice de nos filles et de nos femmes guinéennes », a-t-elle expliqué.
De son côté, le Coordonnateur national du Programme élargi de vaccination (PEV), Dr Naman Keïta, a rappelé que l’introduction du vaccin contre le virus du papilloma humain (VPH) est une décision stratégique de santé publique, compte tenu de la prévalence de cette pathologie en Guinée.
« Nous ne pouvons plus ignorer que chaque jour, des femmes meurent de cette maladie pourtant évitable. Nous disposons d’un vaccin efficace, reconnu à l’échelle mondiale et recommandé par l’OMS et notre Groupe technique consultatif de la vaccination (GTCV). Ne pas l’introduire serait un rendez-vous manqué avec l’histoire », a-t-il lancé.
Selon lui, la suite de cet atelier est une étape cruciale pour construire un consensus solide autour de cette initiative.
« Durant ces deux jours, nous allons analyser les données épidémiologiques, nous inspirer des expériences d’autres pays, identifier nos propres défis et proposer des solutions adaptées à notre réalité.
Il ne s’agit pas simplement de produire un plan, mais de créer une dynamique nationale autour d’un objectif commun : protéger nos enfants, nos filles, nos sœurs.
À tous les participants, je souhaite des échanges francs, des recommandations concrètes et, surtout, un engagement renouvelé pour faire de la vaccination un droit effectif pour chaque enfant, chaque fille, chaque famille de notre chère Guinée », a conclu Dr Naman Keïta.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
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