Création de la DGE : le parti de Faya exige des garanties ‘’fermes’’ et ‘’immédiates’’…

CONAKRY-La création de la Direction Générale des Élections (DGE), un organe stratégique placé sous la tutelle du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique.
Si certains voient cet acte du président Mamadi Doumbouya comme une avancée majeure dans le processus de l’organisation des prochains scrutins, censés mettre un terme au régime d’exception ouvert en septembre 2021, d’autres en revanche soulèvent de « graves » inquiétudes.
C’est le cas du Bloc Libéral (BL), qui dit avoir pris « acte » de la création de la DGE, mais soulève des inquiétudes, tant sur la forme que sur le fond. Il exige des garanties « fermes » et « immédiates ». Explications.
Pour le parti dirigé par Dr. Faya Milimouno, la République de Guinée traverse depuis plusieurs années une crise institutionnelle et politique profonde, aggravée par le manque de dialogue, l’absence de vision partagée de la transition, et la méfiance généralisée entre les acteurs politiques, sociaux et institutionnels ».
Dans ce contexte de tension, souligne le Bloc Libéral, toute réforme touchant aux mécanismes électoraux devrait être l’objet d’un large consensus. Malheureusement, déplore cette formation politique, les autorités de la transition ont préféré l’unilatéralisme à la concertation, et l’imposition au dialogue.
« La création de la DGE, en dehors de tout cadre inclusif, s’inscrit dans une logique préoccupante de confiscation du pouvoir par le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD). Il est de notoriété publique que le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation est l’un des piliers de la manipulation électorale dans notre pays. Depuis l’avènement du multipartisme, ce ministère a toujours joué un rôle partisan, privilégiant les régimes en place et verrouillant les dynamiques électorales à travers ses démembrements et relais locaux. Confier à une direction logée sous cette tutelle la mission d’organiser, gérer et superviser toutes les étapes du processus électoral revient, de fait, à remettre les clés de la démocratie guinéenne à un organe connu pour son allégeance au pouvoir en place », soutient ce parti politique.
Cette décision suscite d’autant plus d’indignation qu’elle intervient à un moment critique de la transition, ajoute le BL dans une déclaration parvenue à Africaguinee.com. « À l’heure où les Guinéens attendent des signes de rupture avec les pratiques du passé, le CNRD choisit de recycler les méthodes les plus contestées, en renforçant la mainmise de l’administration sur le processus électoral », accuse-t-il. Pour lui, il ne suffit pas de décréter l’autonomie financière d’une structure pour la rendre indépendante. L’indépendance véritable se mesure à l’autonomie de décision, à la composition pluraliste, à la transparence de fonctionnement et à la capacité de résister aux pressions politiques, indique ce parti.
« Aucune élection ne peut être considérée comme crédible, inclusive et apaisée si les acteurs politiques et sociaux n’ont pas confiance dans l’organe qui l’organise. Or, en Guinée, cette confiance a été méthodiquement sapée au fil des années par une succession de scrutins mal préparés, de fichiers électoraux contestés, de résultats falsifiés, de violences politiques et d’impunité généralisée. La défunte CENI, en dépit de ses défauts, avait au moins le mérite d’avoir une existence juridique indépendante, avec une représentation des partis politiques et de la société civile. Aujourd’hui, cette relative pluralité est balayée au profit d’un organe strictement administratif, nommé, contrôlé et orienté par l’exécutif », fulmine le Bloc Libéral.
Face à cette situation, le Bloc Libéral exige des garanties fermes et immédiates. « Nous exigeons que toutes les étapes du processus électoral soient placées sous le regard constant du public à travers un organe technique indépendant de gestion des élections : depuis l’audit du fichier électoral, en passant par l’enregistrement des électeurs, l’impression des cartes électorales, la répartition du matériel électoral, jusqu’à la centralisation et à la publication des résultats. Chaque donnée électorale doit être consultable, traçable et vérifiable. Le vote ne doit plus être une affaire de coulisses, mais une affaire publique. Chaque citoyen guinéen a le droit de voter en toute liberté, dans la transparence la plus totale, et dans la sécurité absolue. Ce droit ne peut être garanti que si l’organe électoral est au-dessus de tout soupçon ».
Présence d’observateurs internationaux
Le parti du Dr. Faya Milimouno appelle également à la présence effective et constante d’observateurs électoraux indépendants, nationaux comme internationaux. Leur mission ne doit pas se limiter à la journée du vote, mais couvrir l’ensemble du processus, depuis la phase préparatoire jusqu’à la proclamation finale des résultats, précise-t-il. La communauté internationale, les institutions régionales et les partenaires de la transition doivent être vigilants et exigeants sur ce point, insiste le BL qui appelle à un dialogue politique inclusif, sincère et orienté vers des solutions concrètes.
Commission électorale technique
« Ce dialogue doit réunir, de façon paritaire, les représentants des partis politiques et les organisations de la société civile de l’opposition face aux représentants du pourvoir (CNRD, le gouvernement, les partis politiques et les organisations de la société civile qui soutiennent le pouvoir), pour définir ensemble un cadre consensuel d’organisation des élections. Ce cadre doit impérativement déboucher sur la mise en place d’une Commission électorale technique, indépendante, pluraliste et professionnelle, dotée de ressources propres, de règles claires et de mécanismes de contrôle efficaces », plaide-t-il.
A suivre !
Africaguinee.com
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