Matchs amicaux annulés, affaire Guinée-Tanzanie : Thierno Saïdou Diakité analyse les enjeux

CONAKRY – La Fédération Guinéenne de Football (FEGUIFOOT) et le public sportif guinéen retiennent leur souffle dans l’attente de la décision du jury disciplinaire de la Confédération Africaine de Football (CAF), réuni en audience d’appel ce 11 juin 2025.
Cette instance doit statuer sur une réclamation formulée par la Guinée au sujet de l’utilisation présumée d’un joueur tanzanien non inscrit sur la liste officielle, lors du match des éliminatoires de la CAN TotalEnergies Maroc 2025, disputé le 19 novembre 2024.

Par ailleurs, le Syli national n’a pas disputé de matchs amicaux lors de la dernière fenêtre FIFA, une situation qui suscite des interrogations.

Dans cette interview accordée à Africaguinee.com, Thierno Saïdou Diakité, consultant sportif aguerri, analyse ces deux actualités.

AFRICAGUINEE.COM : Le Syli National n’a disputé aucun match amical lors de la fenêtre FIFA de ce mois de juin. Quelle lecture faites-vous de cette absence ?

THIERNO SAÏDOU DIAKITÉ : Je ne sais pas si vous avez suivi les explications fournies par la fédération. Effectivement, il y avait une fenêtre FIFA en juin, ce qui permet normalement aux sélections nationales de disputer des matchs amicaux, en préparation des prochaines échéances, notamment les 4e, 5e et 6e journées des éliminatoires, prévues à partir de septembre.

La FEGUIFOOT explique avoir fait un choix stratégique dans la gestion de ses ressources. Elle privilégie actuellement la préparation de l’équipe locale qui participera au CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) en août prochain.
Selon elle, les chances de qualification de l’équipe A à la Coupe du Monde 2026 étant faibles, elle a préféré réallouer le budget prévu pour les matchs amicaux à la préparation de l’équipe locale, déjà qualifiée pour la phase finale du CHAN. C’est une forme de priorisation.

Quelles pourraient alors être les conséquences pour l’équipe nationale A ?

Franchement, je ne pense pas qu’il y ait de grandes conséquences — du moins, à ce stade. On l’espère en tout cas. Si la CAF décide de réexaminer le dossier guinéen et qu’elle remet en cause les résultats actuels en lien avec la qualification pour la CAN 2025, alors la fédération pourra toujours négocier des matchs amicaux pour préparer la phase finale.

Mais dans l’immédiat, l’impact est relativement limité. Il s’agissait de deux ou trois matchs amicaux en juin.
Par ailleurs, certains estiment que le fait que la Guinée ne dispose toujours pas de stade homologué a aussi joué dans la décision de ne pas forcer l’organisation de ces rencontres. Donc, il ne faut pas trop dramatiser cette non-participation à la fenêtre FIFA de ce mois de juin.

Dans quel état d’esprit attendez-vous la décision de la CAF dans le dossier opposant la Guinée à la Tanzanie ?

 Personnellement, j’aimerais vraiment que la Guinée soit remise en course. Mais honnêtement, je pense que ce sera très compliqué. La Tanzanie est coorganisatrice du CHAN 2024, avec l’Ouganda et le Kenya. Et dans deux ans, ces mêmes pays vont également accueillir la phase finale de la CAN 2027.
En tant que pays organisateur, la Tanzanie bénéficie naturellement d’un poids diplomatique important. C’est ce qui me rend un peu sceptique quant à la possibilité d’une décision favorable à la Guinée.

Peut-être — je dis bien peut-être — si les arguments juridiques de la Guinée sont solides, la CAF pourrait décider de maintenir la qualification de la Tanzanie, tout en lui infligeant une amende financière, de 40 000, 50 000 voire 60 000 dollars. Ce n’est qu’une supposition de ma part.

Il faut savoir que l’organisation d’une CAN est un engagement logistique et financier énorme pour la CAF. Dans ce contexte, la Tanzanie jouit d’un avantage diplomatique certain. Voilà pourquoi je pense que les chances de la Guinée sont minces.
Mais bon… on croise les doigts et on attend de voir ce que décidera la CAF.

Entretien réalisé par Sayon Camara

Pour africaguinee.com