Guinée : Ouverture de l’atelier d’examen et de validation de la stratégie nationale de développement du commerce des services

CONAKRY – L’atelier d’examen et de validation de la stratégie nationale de promotion et de développement du commerce des services en République de Guinée a été lancé ce mercredi 28 mai 2025, dans un complexe hôtelier de la capitale. Cette rencontre de deux jours (28-29 mai) est organisée par le ministère du Commerce, de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises, à travers la Direction nationale du commerce extérieur et de la compétitivité, avec l’appui de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
L’atelier réunit à Conakry des experts guinéens et internationaux du secteur du commerce. Son objectif principal est d’examiner et de valider le document stratégique relatif au commerce des services, en intégrant les contributions des parties prenantes en vue de sa finalisation.
Durant ces deux jours, les participants procéderont à un examen critique du projet de stratégie, formuleront des suggestions et recommandations pour l’enrichir, et analyseront le contexte actuel de la compétitivité du commerce des services en Guinée. L’objectif est de mieux définir les axes prioritaires et les objectifs à atteindre dans le cadre de sa mise en œuvre.
Les travaux permettront également de concevoir une feuille de route (plan d’action) pour l’application de ladite stratégie, tout en favorisant la mobilisation effective des parties prenantes.
Une stratégie inclusive pour dynamiser le commerce des services
Prenant la parole lors de la cérémonie d’ouverture, Madame Diaka Kaba, directrice nationale du commerce extérieur et de la compétitivité, a souligné la nécessité pour la Guinée de diversifier son économie en valorisant le potentiel du sous-secteur des services.
« La Guinée, comme nous le savons tous, a longtemps basé ses performances économiques sur ses ressources naturelles, notamment le secteur minier. Toutefois, à l’heure où la diversification économique devient un impératif, il est essentiel de reconnaître et de valoriser le potentiel immense du secteur des services. Ce dernier couvre une diversité d’activités allant de la finance à l’ingénierie, des services de santé à la logistique, du tourisme à l’éducation, en passant par les technologies et les services professionnels. Tous ces domaines sont aujourd’hui appelés à jouer un rôle déterminant dans notre intégration régionale, continentale et mondiale », a-t-elle déclaré.
Mme Kaba a précisé que la stratégie soumise à validation est le fruit d’un travail rigoureux et coordonné avec le soutien technique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), en concertation avec les acteurs publics, privés et de la société civile.
« Ce document propose une vision claire : faire de la Guinée un pays doté d’un secteur de services efficace, fiable, et capable de répartir équitablement les bénéfices issus du commerce des services. Nous entamons aujourd’hui un exercice crucial de consolidation. Vos remarques, vos expertises, vos recommandations sont attendues pour enrichir cette stratégie, renforcer sa pertinence et garantir son appropriation par tous les acteurs concernés », a-t-elle ajouté.
Un maillon essentiel dans les ambitions continentales
De son côté, M. Amadou Diouf, représentant de la CEA, a salué les efforts de la Guinée dans le renforcement de sa compétitivité commerciale et son engagement dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
« Nous sommes heureux de retrouver ici certains visages familiers, car plusieurs initiatives ont été menées ces dernières années : adoption d’une stratégie nationale de compétitivité, campagnes de sensibilisation, mise en place de comités nationaux, développement de plateformes et de stratégies d’exportation. Ces efforts visent à renforcer le positionnement de la Guinée dans la ZLECAf, une ambition forte du continent soutenue par un engagement politique marqué », a-t-il souligné.
Selon lui, la Guinée figure parmi les 49 pays ayant ratifié l’accord, sur les 50 signataires actuels. Il a rappelé que la CEA a accompagné l’élaboration de plus de 34 stratégies nationales à travers l’Afrique, et continue de soutenir les actions prioritaires identifiées dans ces plans.
« La plupart des pays africains, y compris la Guinée, concentrent encore leurs exportations sur les produits miniers, représentant parfois jusqu’à 45 à 50 % des exportations. Ce déséquilibre entraîne un excédent structurel dans le commerce des marchandises, mais un déficit chronique dans le commerce des services. C’est en comblant ce déficit que l’on peut espérer rééquilibrer la balance commerciale et renforcer notre position dans le commerce intra-africain », a-t-il expliqué.
En conclusion, M. Diouf a réaffirmé l’engagement de la CEA et, au-delà, de l’ensemble du système des Nations unies, à accompagner la Guinée dans la validation, la mise en œuvre et le suivi de ses stratégies pour un développement durable, aussi bien national que continental.
Un engagement étatique fort pour la transformation structurelle
En lançant officiellement les travaux de l’atelier, M. Mamadou Saliou Diaby, secrétaire général du ministère du Commerce, de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises, a replacé la stratégie nationale dans le cadre d’une dynamique globale de transformation structurelle, à la fois nationale et internationale.
« Cette stratégie s’inscrit dans une volonté plus large de diversification de nos exportations, de transformation structurelle de notre économie, et de renforcement de la compétitivité de nos entreprises », a-t-il déclaré.
Ancien acteur du secteur privé des services, M. Diaby a reconnu la faiblesse actuelle du commerce des services en Guinée, tout en insistant sur son importance stratégique.
« C’est vrai que le commerce des services est extrêmement faible en République de Guinée. Je le sais, parce que je viens de ce secteur, avant d’être dans l’administration publique. Cette stratégie intervient dans un contexte où le commerce des services représente près de 70 % du PIB mondial. La Guinée, malgré l’essor de certaines prestations numériques et professionnelles, affiche encore un déficit structurel dans ce domaine. »
Face à cette situation, la stratégie repose, selon lui, sur trois piliers fondamentaux :
- La libéralisation maîtrisée des marchés de services pour améliorer leur efficacité ;
- La régulation intelligente afin de garantir la stabilité et la fiabilité du secteur ;
- L’inclusion, pour favoriser un accès équitable, notamment pour les jeunes et les femmes.
« Notre ambition est claire. Nous voulons positionner la Guinée dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. Nous voulons créer des emplois qualifiés dans le numérique, les services d’appui aux entreprises, le tourisme, la finance, la santé, et bien d’autres domaines. Nous voulons transformer la perception des services : non plus comme un secteur accessoire, mais comme un moteur central du développement socio-économique », a-t-il souligné.
Monsieur Diaby a également mentionné l’inscription de cette vision dans le cadre du projet Simandou 2040, qui identifie le commerce – aux côtés de l’industrie et de l’agriculture – comme l’un des leviers majeurs de la transformation économique de la Guinée.
Un appel à la mutualisation des expériences et à la reconnaissance du rôle stratégique des services
Mme Diaka Kaba, directrice nationale du commerce extérieur et de la compétitivité, a profité de l’occasion pour remercier les parties prenantes, tout en appelant à une synergie renforcée autour du développement du secteur des services.
« Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à Madame la ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME pour son leadership et sa vision éclairée dans la mise en œuvre des actions relevant de son département, dans le cadre des programmes d’action prioritaires de la stratégie nationale de la ZLECAf », a-t-elle déclaré.
Elle a également salué l’appui technique et financier de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), ainsi que de ses partenaires, en faveur d’un développement socio-économique durable porté par des entreprises performantes.
« Je tiens à remercier la CEA ainsi que ses partenaires pour leur appui constant. Leur engagement contribue à bâtir une économie portée par des entreprises compétitives, moteur de notre transformation structurelle. Votre présence ici, aussi diverse que qualifiée, traduit l’importance que vous accordez à ce secteur, souvent méconnu mais pourtant stratégique » a-t-elle déclaré avant d’inviter les participants à partager leurs expériences et à s’investir activement dans les échanges afin d’enrichir la stratégie nationale.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com